L’emballement amoureux est-il nécessairement mauvais ?

emballement-amoureux-nécessairement-mauvais

emballement-amoureux-nécessairement-mauvaisDans un précédent article : « Pourquoi les hommes s’emballent-ils vite pour devenir distant ensuite ? », je mets en garde contre ce que j’appelle « l’emballement-évitement masculin ».

Autrement dit, la passion rapide, puissante qui, au bout de quelques rendez-vous (ou quelques semaines), retombe comme un soufflé à l’emmental et entraine la prise de distance des garçons.

Une des questions ouvertes dans les commentaires a été : Comment nous, en tant que personne, nous pouvons prévenir les comportements « d’emballements-évitements » ? Est-ce en cessant de s’emballer ?

Autrement dit, l’emballement amoureux est-il nécessairement mauvais?
Tout est dans l’article.
Enjoy

Les lecteurs se demandent comment se positionner face à l’emballement amoureux.

Pour parler des hommes, je pense que les hommes sont bien placés. Un homme ne représente pas l’Avis Masculin. (Idem en tant que femme). Mais il peut faire part d’un vécu subjectif différent du nôtre. Malgré tout ce que nous savons de nos ressemblances, être un homme ou une femme, en 2014, pour des raisons qui me semblent essentiellement éducationnelles, ce n’est pas la même chose.

Bref. Deux choses : 1/merci de partager votre regard. 2/Ecoutons.

@Guismo nous dit :

« Dans mon cas (je suis un homme), j’ai eu un très gros One-Itis de huit mois pour une femme que j’avais rencontrée en Écosse. LA fille, parfaite, belle, charmante, intelligente, féminine, l’idéalisation du coup de foudre amoureux dans toute sa splendeur.

Et sur le moment c’était réciproque. Maintenant que je le digère plutôt bien, j’ai plus envie de me retrouver dans cet état-là, amoureux, avec des émotions et tout. Quand je vois une fille qui me plaît, j’ai tendance à me protéger de mes sentiments (oui comme l’article) mais aussi à être totalement froid quand la femme est coincée, indécise, distance. C’est NEXT direct.»


Je lui avais demandé, surprise :

« Comment tu te protèges de tes sentiments ? oO »

À @Kay de répondre :

« Je pense que ce qu’entend Guismo par se « protéger de ses sentiments », c’est la notion de « perte de contrôle de soi » provoquée par le sentiment amoureux, un peu comme lorsque l’on est sous l’emprise d’alcool. Ce sentiment nous fait faire naturellement des choses que nous ne ferions jamais en faisant appel à notre bon sens (comme se taper 6h de train) par exemple, des choses qui ne nous ressemblent pas au final et pour lesquelles nous aurons une sorte de répulsion une fois retrouvé notre état normal (la fameuse gueule de bois).

Ainsi le sentiment d’emballement déclencherait un signal de relation toxique à venir contre lequel nous nous protégerions via la prise de distance. Par opposition une relation qui démarre de façon plus progressive via de l’amitié serait perçue comme plus saine. (J’utilise le pronom « nous » mais je ne souhaite pas faire de généralité c’est juste mon interprétation masculine du propos de Guismo mais peut-être qu’il voulait dire autre chose).» @Kay

Pourquoi devons-nous nous méfier des illusions ?

Il y a dans le sentiment amoureux, notamment celui suivant un coup de foudre ou désir important, une forme de perte d’équilibre de soi. Ce n’est pas notre part décisionnelle qui agit.

Autrement dit, ce n’est pas une histoire de raison.

Cette perte de contrôle peut ressembler à un mirage aux alouettes : nous nous illusionnons sur les futurs possibles avec ce nouveau partenaire et nous sommes surprises de nos propres comportements pour tendre vers ce futur possible.

Dans différents articles, je mets en garde contre la part d’illusions qu’il y dans l’amour. Je l’appelle : la projection.

 

  • 1/ Parce que nous pouvons nous retrouver déçues : « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». J’ai tendance à penser qu’il vaut mieux ne croire en aucune promesse pendant les premiers mois de relation.

 

 

  • 2/ Nous pouvons décevoir : notre propre emballement peut faire miroiter des « futurs possibles » à l’autre. Et, passer l’ivresse de la rencontre, nous pouvons nous retrouver avec « la fameuse gueule de bois ». Nous ne voulons plus de l’autre. Nous ne voulons plus de ces futurs possibles. Et, il faut formuler à l’autre qu’il est seul au palais des mirages.

 

En cela, l’emballement est un jeu de roulette russe que l’on propose à la personne que l’on dit aimer.

Les folies de l’emballement : bonne ou mauvaise chose ?

L’emballement est « hors raison ». Quand il nait d’un coup de foudre ou d’un désir, il déclenche un cocktail d’hormones détonnant digne des plus grands dealers.

En matière de sensations : nous flottons quand nous sommes satisfaites. Nous nous effondrons pour une déception. Combien d’entre nous sommes devenues folles pour un texto attendu ?

Cet emballement peut nous conduire à « faire naturellement des choses que nous ne ferions jamais en faisant appel à notre bon sens » . De bonnes et de mauvaises choses.

Je me suis vue traverser toute la France pour partir passer le Nouvel An avec un homme que j’avais vu deux fois dans ma vie. Nouvel An, dont la première partie de soirée se passait chez ses parents. Et, nous n’étions pas ados.

De même, je me suis vue, frapper toute une matinée à la porte d’un garçon qui m’avait (encore) posé un lapin nain en hurlant et en l’insultant. J’en ai réveillé le voisin, trois fois. Qui a la troisième, emplie de pitié pour la morve débordante de ma gueule, m’a payé un café.

(Oui, moi aussi, je m’emballe)

Pour autant, est-ce « mauvais » ? J’ai souffert, dans le second cas. Mais, j’étais aussi à une époque charnière où j’accouchais de moi-même. Et, cet emballement, ce mec, mon permis de cristalliser mes pulsions, mes colères, la douleur de la maïeutique sur quelque chose d’extérieur.

Quels espaces de folie avons-nous aujourd’hui autre que l’amour ?

Et, dans la première situation, je parle de ma plus belle histoire d’amour. Mon coup de tête, est simplement venu, confirmer un sentiment fort que nous avions tous les deux et que nous avions envie d’explorer ensemble.

Je vous invite à lire : « doit-on être prudent en amour ? » (Pour l’anecdote, écrit peu de temps après avoir tapé comme une furie sur la porte du garçon)

L’amour n’est-il pas aussi l’emballement ?

Je ne m’oppose pas à l’emballement. Je n’invite pas à aller contre cet espace d’expression du corps (bien plus que du cœur) qu’offre la passion. Vient peut-être un jour, d’ailleurs, où l’on se lasse et sans que la volonté n’y soit pour rien. Nous perdons un peu de cette sensibilité à la passion.

@Lirie nous explique :

« Je pense qu’après un certains nombre de blessures, de déceptions, il n’est plus possible de s’enthousiasmer comme avant. Que ce soit dans la sphère amoureuse ou amicale, professionnelle. C’est aussi ça, grandir/vieillir/mûrir (choisissez la formulation la moins rude)»

Je n’irais pas contre l’emballement en lui-même. En opposant notre volonté au cocktail émotionnel de certaines rencontres, nous pouvons entrer dans l’aigreur. PIRE, nous pouvons avoir peur de l’amour.
En revanche, j’inviterai volontiers à nous interroger sur nos définitions de l’amour.

Est-ce seulement ce sentiment qui nous « traverse de part en part » comme le propose Hollywood (et comme nous le vivons souvent à l’adolescence) ? Ou « l’amour véritable » n’existe-t-il seulement une fois les tensions chimiques apaisées comme nous le lisons parfois dans les livres et magazine pour les couples plus vieux, plus installés ? Est-ce encore autre chose ? Est-ce un mélange des deux ? Devons-nous avoir une définition commune ?

L’emballement, oui. L’illusion, non.

La frontière paraît mince entre emballement et illusion. Puisque nous sommes complètement drogués quand nous tombons amoureux via la passion.

Mais, finalement notre état EST une réalité :

  • oui, nous voyons la vie en rose
  • oui, la non-réponse à un SMS nous rend folles
  • oui, nous avons des papillons à ne plus savoir quoi en faire
  • oui, après le café, nous retournons cogner à la porte de l’appartement

C’est le discours autour de cet emballement qui me semble « illusoire »:

  • non, ça ne veut pas dire que l’autre est fait pour nous (même si il nous plaît terriblement)
  • non, ça ne veut pas dire que ça durera (la passion est la reine du feu de paille)
  • non, ça ne veut pas dire qu’on se rendra heureux (on peut s’éprendre d’un connard ou devenir nous-même une connasse)
  • non, ça ne veut pas dire que c’est THE ONE
  • non, ça ne veut même pas dire que « c’est quelqu’un de bien »
  • non, ça ne parle pas des Aliens que tu veux me foutre dans le bide (entre passion et procréation, il y a quand même de la marge)

Dans un monde idéal (le mien), on partagerait l’emballement :

« C’est comme s’il y avait la Gangnam Style qui s’excite dans mon ventre quand je te vois. Je ne te parle pas des licornes et papillons. Mais, dans l’instant, je ressens tout ça. J’aimerais que ça dure. Aujourd’hui, vraiment j’aimerai que ça dure. »

Mais, on ne partagerait jamais les promesses accolées. Pas tant que les licornes viennent nous faire des arc-en-ciels dans la tête.

Parce que non, je ne pense pas que « le sentiment d’emballement déclencherait un signal de relation toxique ». L’emballement des idées et des projets, peut-être. Parce qu’ils fabriquent des futurs possibles et ajoutent au deuil de la relation réelle, le deuil du « non-avenu ». Mais, l’emballement du cœur, tant que nous en sommes capables, gardons-le un peu.
Et vous, pensez-vous que l’emballement puisse être néfaste ? Quelle serait, alors les règles de prudences à appliquer sur son propre emballement ?


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