Le « véritable amour », une réalité biologique.

quel-est-le-role-de-notre-cerveau-lors-de-la-rencontre-amoureuse-12

le-veritable-amour-une-realite-biologique
La philosophie antique le présupposait avant nous, Éros et Tanatos sont au centre de notre vie. La question de la pérennité de l’être et de l’Amour stimule nos choix, nous oriente. Et les réponses que nous y apportons nous façonnent.

Pourtant, après des siècles d’écriture et de réflexion des philosophes, anthropologues et poète, la question du véritable Amour est encore source de débat et désaccord. Nous en savons quelque chose. Mais ce quelque chose semble toujours insatisfaisant pour définir la réalité du vécu.

Alors, qu’est-ce que l’Amour ? Comment l’appréhendons-nous ? Comment le reconnaître ?

Je vous propose quelques articles sur le thème dans les jours à venir.

Laissons répondre, d’abord la biologie.

Enjoy.

(Avant tout, je tiens à noter que je ne suis pas biologiste. Il est possible que mon discours contienne des erreurs, des flous, des approximations. Pour les passionnés ou professionnels du domaine qui verraient des imperfections ou auraient des précisions à donner, les commentaires sont bien entendu ouverts.)

 

Phéromones et naissance de l’Amour

Nous l’avons lu et relu dans les magazines féminins (et scientifiques) : l’Amour, c’est une histoire de phéromones !

Une phéromone est une substance chimique qui agit comme un message entre les individus, notamment dans l’attraction sexuelle. (Ce n’est pas moi, c’est wiki qui le dit.)

Autrement dit, nous dégageons une espèce de substance chimique que va percevoir le nez de l’autre et qui le rendra amoureux (ou pas).

Il semblerait que parmi les messages que délivrent nos phéromones, celui de la compatibilité immunitaire en ferait partie. Plus notre système immunitaire est compatible, plus on s’aime.

Vous croyez aimer ses yeux ? Vous aimez son système immunitaire, nous dit la science.

Bien entendu, on peut poser quelques limites. Il est possible que nous rencontrions bien plus de partenaires compatibles que nous vivons de « véritable Amour » démarrant sur un coup de foudre.

Plus que nous entraîner vers un inévitable coup de foudre, j’oserai supposé que les phéromones orientent notre choix de partenaire. Et, nous font garder rageusement le tee-shirt de Jules sous l’oreiller pour les (trop longs) dimanches sans lui.

 

Les hormones de la passion

Avant même que je démarre, on pourrait m’inviter à dissocier le « véritable Amour » de la passion. Car, cette dernière est souvent associée au désir.

Pourtant, une personne fraîchement amoureuse (dans l’état de passion, donc), l’avouera elle-même : il n’y a pas que les fesses (aussi adorables soient-elles) de son partenaire qui comptent. La science vient corroborer ses dires. Les zones activées du cerveau par une personne amoureuse à l’évocation de son Jules recouvrent celles du désir, mais pas seulement.

Donc, je séparerais « passion » et « désir ». La faute à la science.

Quant à savoir si la passion, c’est du « véritable Amour », c’est un débat que nous aurons plus tard.

 

L’autre, une récompense

Il est là. Nous flottons, détendues, souriantes. Nous parlons de choses et d’autres, peu importe, du temps que nous sommes ensemble. Puis, vient le moment de se dire « Au revoir ». Descente. Rapidement, nous comptons les heures nous séparant de la prochaine entrevue. Il nous manque et les autres nous ennuient. Qu’on le revoit et qu’on le revoit vite ! Ressentir ce soulagement d’être à nouveau à ses côtés.

L’autre, une récompense. C’est, en tout cas, le circuit qu’il stimule dans notre cerveau. Le même circuit que lors d’une prise de cocaïne.

En présence de la personne aimée, nous sécrétons de la Dopamine et Noradrénaline dans l’Aire Tegmentale Ventrale (qui appartient au circuit de la récompense). Ce sont deux hormones qui jouent sur le désir et le plaisir. Elles anéantissent tout sentiment de tristesse. Voilà, pourquoi nous nous sentons si bien !

Forcément, en absence, il y aura une chute de la production de ces hormones. Alors, le sentiment de tristesse prendra le pas sur le désir et plaisir.

On reproche au couple fusionnel de se coller. Finalement, ils s’évitent simplement de désagréables descentes. Ont-ils réellement tort ?

 

L’autre, une obsession

Amoureuses, nous augmentons la présence de Cortisol dans notre sang. C’est une hormone du stress. Elle expliquerait (en grande partie) l’accélération du rythme cardiaque et les mains moites que nous avons parfois auprès de l’être aimé (ou quand nous sommes poursuivies par un ours).

De même, la production de cortisol explique l’aspect obsessionnel de l’Amour. Nous ne pensons qu’à l’autre, il ne quitte pas notre tête. Au grand désespoir de notre employeur qui préférerait nous voir concentrées sur le dossier en cours. Rien à faire, l’autre prend toute la place et le dossier se retrouve paraphé de petits cœurs au bic rouge.

À la production de Cortisol, ajoutez une chute de sérotonine et vous nagez en pleine obsession. Nous retrouvons, effectivement, cette chute chez les personnes atteintes de TOC (troubles obsessionnels compulsifs). Quand on dit que l’Amour rend fou !

 

L’autre, un objet de désir

Est-ce que ça surprend sérieusement quelqu’un qu’il y ait des hormones du désir qui augmentent, quand nous sommes amoureuses ?

Bref, la criminelle de notre envie de courir toute nue dans un champ de violette avec Jules, c’est la Vasopressine (présente dans le noyau paraventriculaire). Elle aurait aussi un rôle dans l’attachement.

D’ailleurs, cette hormone diminue l’anxiété. C’est drôle, parce que le cortisol, nous l’avons vu, augmente le stress. En gros, nous avons le trac, mais ne sommes pas anxieuses. Ou un truc dans le genre.

Bref, t’es amoureuse, c’est le bordel dans ta tête. Merci la science.

 

L’autre, un objet d’attachement

Vous avez peut-être entendu parler de l’Ocytocine, cette hormone qui rend les hommes fidèles ?

Bref, nous en sécrétons pas mal, notamment dans le Noyau Accumbens.

C’est un philtre d’Amour à elle toute seule : fidélité, engagement, attachement… Nous les lui devons. Comme quoi, peut-être, qu’un temps durant la fidélité (masculine) ne tiendrait pas uniquement de la construction sociale.

(Pour ce qui est de la fidélité féminine, les scientifiques n’en disent rien. Peut-être pensent-ils qu’elle va de sens et que rien ne sert d’en parler. Bien que les généticiens ont découvert qu’un enfant sur sept n’est pas le fils du père qu’il croit… )

Note : les femmes sécrètent énormément d’ocytocine après le sexe. D’où l’envie de caresses et de mots doux largement répandue dans la population féminine. À moins que ça joue sur cette envie qu’un coup d’un soir soit toujours « plus ».

(À cela s’ajoute de la construction sociale, quid de la poule ou de l’oeuf…?)

 

La passion ne dure qu’un temps

Si toutes ces hormones peuvent se déclencher en un cinquième de seconde (coup de foudre, on a dit), certaines peuvent durer jusqu’à dix ans, alors que d’autres se font la malle.

La Dopamine, par exemple, reste dans la première phase, celle de rencontre, de la séduction. C’est elle qui fait de l’être aimé le centre de notre attention et notre motivation.

La Testostérone, grande maîtresse du désir (chez la femme comme chez l’homme, contrairement aux idées reçues), nous rend physiquement accros à l’autre.

Il ne reste uniquement, quand le temps étire la relation, les hormones de l’attachement (Ocytocine, Vasopressine). Le reste, l’organisme s’en moque, il s’est habitué à la dope et ne ressent plus rien. D’où la période de rechute que vivent de nombreux couple passé les trois/quatre ans.

À chacun, il reste deux choix :

  • chercher une nouvelle conquête pour brûler à nouveau sous la flèche d’un Cupidon Dopaïnomane.
  • Rester et développer de la morphine naturelle (les endomorphines, agissant contre l’anxiété et le stress).

Tout est une question de choix dans la drogue.

  • Si vous préférez les stimulantes, mieux vaut sauter d’une passion à l’autre.
  • Si vous préférez les apaisantes, attendez trois ans et votre cerveau sera shooté à de la morphine.

 

L’Amour a ses raisons…

Je ne dirais pas que le cerveau seul fabrique l’Amour. Que nous sommes uniquement des consommatrices de neurotransmetteurs faisant des fixettes à l’odorat. Simplement, quand nous aimons, il se passe effectivement quelque chose dans notre tête.

À savoir qui est le premier, la poule ou l’oeuf ? La croyance sur l’Amour ou les sensations ?

Nous savons aujourd’hui qu‘une croyance peut déclencher des effets sur le cerveau. C’est le cas des placebo. La croyance en l’existence de l’Amour tel que nous le concevons peut être le déclencheur de cette révolution chimique que traverse notre pauvre système de récompense.

Comme l’inverse, ces phénomènes pourraient préexister à la littérature amoureuse. Celle-ci ne servant qu’à donner un sens spirituel à notre goût pour les drogues naturelles de notre corps.

Ce que nous savons, c’est qu’être amoureux à un impact sur notre cerveau. Il y a donc une réalité palpable à ce que nous vivons. Le véritable amour n’est -peut-être- qu’au final qu’un joli cocktail chimique provoqué par un système immunitaire compatible.

 

Et vous, pensez-vous que le « véritable amour » dépasse la science ou que celle-ci parviendra à l’expliquer entièrement (voir à le désosser) ?

Anashka,

bon système immunitaire,

femme idéale en somme.