C’est un des articles des plus difficiles à écrire pour moi. Je suis un être humain comme les autres. J’ai toujours foiré mes « je t’aime ». Trop rapides, jetés à la volée comme l’on change de capote. Parfois fuyant, en demi-mot. Parfois assumé et gratuit.
Je crois que je n’ai jamais dit un « je t’aime » simple qui ne portait pas d’autres significations que lui-même. Je crois que je suis nulle pour dire « je t’aime ». Car j’aimerai le dire (et l’entendre) chaque jour, dans chaque regard échangés, dans chaque rencontre, dans chaque échange de fluide.
Je crois que je suis une boulimique du « Je t’aime ».
Résultat, il m’a fallu du temps pour en repenser (repansé) le sens.
« Je t’aime » mode d’emploi, c’est ici.
Enjoy.
Des « je t’aime » différents
Je ne vous apprends rien, il existe autant de définitions à ces trois petits mots qu’il a existé (et qu’il existera) de déclarations dans ce bas monde. À tel point qu’on se demande si cela signifie encore quelque chose.
Des « je t’aime » en pagaille
- Le « je t’aime » de l’instant :
« J’aime ce moment que je traverse avec toi. Je me sens bien. J’ai confiance en toi. J’ai ce sentiment profond d’être au bon moment, au bon endroit. »
- Le « je t’aime » de la sensation :
« Il y a dans mon ventre comme des papillons qui s’affolent quand je pense à toi. C’est terrible et tellement bon à la fois. Tu me rends un peu folle, un peu étrange à moi-même. Et, ce florilège de sensation me fait un peu peur. Dis-moi que tu le partages. »
- Le « je t’aime » de l’ OI :
« Tu m’emmerdes, mec. Profondément. Dès que tu m’approches (ou pire que tu t’éloignes) tu me fais du mal. Je me lève. Je pense à toi et ce, toute la journée durant. C’est épuisant. Même quand je ferme les yeux, tu continues à me hanter. Tu m’obsèdes et ça me fait mal. »
- Le « je t’aime » de l’engagement spirituel :
« T’es beau quand tu dors. J’aime écouter ton souffle. J’aimerais que tu sois à moi, rien qu’à moi. J’aimerais être à toi, rien qu’à toi. Qu’on fasse corps comme hier. Que l’on se lève chaque matin ensemble, que l’on ba*se partout et que l’on se fasse des gosses ensemble. J’aimerais que jamais ça ne s’arrête »
- Le « je t’aime » de la personnalité de l’autre :
« J’aime ce que tu es. J’aime ce que tu respires. J’aime tes mimiques, ton grain de beauté dans le cou et la corne de tes mains. J’aime ta manière de sourire. J’aime comment tu te positionnes face au monde. Vraiment, j’aime que tu existes. »
- Le « je t’aime » WTF :
« Tes lasagnes végétariennes, c’est de la tuerie ! »
Et j’en passe…
De la projection amoureuse
« Je t’aime » est porteur de tous les sens, toutes les craintes et toutes les formes de l’Amour.
Quand on le balance à quelqu’un, on laisse à l’autre la liberté de l’interpréter comme bon lui semble. Le plus souvent, l’Autre y met toutes les définitions mélangées. Et forcément, s’il ne les ressent pas toutes, il s’effraye, se braque et disparaît.
C’est toutes ses définitions en pagailles qui floutent le mot et son intention. Qui en font d’une déclaration lourde, qui engage corps et âme auprès de l’autre. Comme s’il y avait un AVANT et APRÈS les trois petits mots.
Faut-il le désacraliser ?
Oui.
Non.
Je ne sais pas.
De nombreuses personnes aiment cette cristallisation autour de la déclaration. Comme une balise, qui s’inscrirait dans la rencontre avec l’autre. Quelque chose qui vient labelliser la romance : elle devient, dès lors, importante.
Alors, peut-être faut-il garder la sacralisation de ces trois mots.
D’autres accordent moins d’importance aux « je t’aime » qu’aux actes qui le respirent. Ces petites attentions, ces regards, ces mots qui tournent autour, ces preuves qui font sens.
Mais, parfois l’on peut surinterpréter l’Amour ou ne pas le voir. Il est tellement difficile de se comprendre quand nous tentons de verbaliser ! Alors, sans le formuler…
Finalement, la sacralisation du « je t’aime » appartient à chacun.
Peut-être qu’il faut communiquer de son importance (ou non) pour nous à l’autre. Peut-être qu’il faudrait, aussi, communiquer la peur que l’on peut ressentir quand les trois mots ne viennent pas…
La communication autour du sens de ces mots amoureux me paraît plus importante que la déclaration en elle-même.
D’autres mots pour dire « je t’aime »
Et si nous sortions des trois petits mots, pour en déclarer seulement leurs sens.
Si nous explicitions au mieux ce que nous ressentons, nos envies, nos désirs… Au final, ce que nous mettons derrière la déclaration. Si nous la remplacions par d’autres mots, plus justes, plus au cœur de nos attentes et contradictions ?
Peut-être que sans désacraliser les mots, nous pourrions éviter à l’autre d’y projeter ses peurs ou espérances. Dans « je t’aime », certains entendent un engagement, d’autres non. Certains entendent des promesses, d’autres non. Certains entendent un cap de la relation, d’autres non.
Mettons du sens, explicitons-le. Donnons à l’autre la grille de lecture de notre déclaration. C’est peut-être le meilleur moyen de ne pas faire du « je t’aime » un piège, une impasse, quelque chose qui viendrait coincer l’autre.
Quand et comment le dire ?
Vous trouverez une tonne d’articles qui répètent plus ou moins les mêmes choses, pour le premier « je t’aime » :
- Pas par texto, ça se dit en face. (Ni mails, ni lettre)
- Pas avant d’avoir démarré quelque chose avec la personne concernée, ça fait peur.
- Pas dans un moment de colère, c’est bizarre.
- Pas en harcelant l’autre après pour savoir s’il nous aime aussi, il est libre de SA déclaration.
- Pas en public.
En bref, dans un moment intime, détendu, où les trois mots peuvent être reçu sans violence.
Et s’il ne répond pas ?
Deux choix :
- Il a un geste de tendresse (vous prendre dans ses bras, sourire, un baiser sur le front) : en gros, il vous dit qu’il reçoit bien votre déclaration, que ça lui fait plaisir. Mais que lui, pour le moment, ne se sent pas de répondre. Dans ce cas, souriez, tout va bien.
- Il a un mouvement de recul ( sourcils qui se froncent, vanne pourrie, corps qui se crispe) : en gros, il vous dit que ça lui fait peur, qu’il veut fuir. Verbaliser sa gène. Demandez-lui pourquoi ce blocage et ce, sans faire une histoire personnelle de ce recul.
En bref, le « je t’aime » demande du courage. Mais aussi de la réflexion. Il demande de se poser pour savoir ce NOUS nous y mettons derrière et ce que nous attendons de l’autre. Bien sûr, il est romantique, il vient faire balise dans la relation, mais encore faut-il que cette balise soit bien comprise des deux partenaires.
Parfois, un « je t’aime » peut entraîner la cessation d’une relation. L’autre réalise qu’il ne partage pas votre bulle. C’est dur, mais ce n’est pas grave. Ça évite de vous enfermer dans une histoire où, au final, vous n’aurez pas trouvé votre compte.
Et vous, que veux dire votre « je t’aime » ? Comment le dites-vous ?
Anashka,
qui aime tout le monde,
même Gargamel.