Ceci est un titre bling-bling.
(A une époque, je reprenais les gros-titres des magazines féminins, parus dans le mois. Je ne le fais plus. Mais si vous en trouvez un vraiment drôle, obsolète ou un qui vous intéresse particulièrement, vous pouvez le partager dans les commentaires.)
Bref, ceci est un titre bling-bling.
Ce dont je veux parler, exactement, c’est de l’incompréhension en elle-même, de ces enjeux, de son action sur nous. C’est parce qu’elle est nous fait quelque chose, parce qu’elle n’est pas neutre, que nous voulons la gérer . Sinon, on laisserait souvent couler.
Je me demande même si, parfois, « se comprendre » n’est pas plus une question d’affect que de praticité (même si c’est, évidemment, pratique).
Dans tous les cas, comprendre l’incompréhension pour elle-même, c’est déjà prendre de la distance avec elle, donc moins en souffrir. Et, le temps de lire l’article, c’est autant de minutes de gagné sans envoyer un texto vachard ou culpabilisateur.
Un article (dense) sur l’incompréhension,
C’est ici,
Enjoy.
L’amour, l’idéal de l’amour, les renoncements
« Le plus dur en amour, c’est de renoncer à l’idéal même de l’amour pour l’autre. »
Anashka, beuverie n°15.
Premier postulat : nous avons tous un idéal d’amour.
Que nous y croyons de toutes nos forces ou faiblement, nous avons TOUS une idée sur « ce que devrait être l’amour ». De là, nous estimons notre idéal comme possible ou non.
b>Imaginons un idéal : une passion sans souffrance.
(Autrement dit, une force constante des sentiments non stimulés par le déséquilibre d’une relation.) « Dès que je le vois, j’ai le cœur qui s’enflamme. A chaque regard, je le trouve beau. A chaque attention, je le désire. Et ce, sans que jamais il ne me blesse »
Notre idéal de l’amour, c’est cette partie kitsch et candide de nous qui attend l’amour, quelle que soit l’attente. Et, même si notre raison n’y accorde que peu de crédit, il existe.
Imaginons un autre idéal : « Je crois à un monde de paix, où il serait possible de vivre en partageant les richesses, où chacun serait à l’écoute des autres et des écosystèmes qui l’entourent. C’est mon idéal. Peut-être pas ce que j’imagine réalisable, mais ce vers quoi je tends. Et ma conduite est influencée par cet idéal. »
Amour, utopie, religion… même combat ! Nous créons un idéal, auquel nous apportons plus ou moins de crédit (et nous tendons plus ou moins efficacement vers lui). Mais il est présent.
Quel est le fondement de l’idéal ?
Une réminiscence de mes années de psycho : Lacan, l’objet @.
(C’est moins compliqué que ça en a l’air.)
Pour Lacan et nombre de psychologues, la mise au monde, c’est quitter un espace d’unité (le ventre) où nous faisons corps avec notre environnement, pour rencontrer le monde réel. Le monde réel est caractérisé par son incapacité à nous offrir un sentiment pérenne de complétude (d’être complet, dans l’harmonie totale que nous avions dans le ventre de môman).
A la naissance, d’ailleurs, nous ne distinguons pas les limites entre l’interne (nous) et l’externe (le reste du monde). Ainsi, le sein nourricier semble être une part de nous qui apparaît quand nous avons faim. Nous ressentons une profonde révolte/panique quand il se fait attendre ; ce qui explique les pleurs et les cris pour sonner le repas. Ce n’est qu’en avançant en âge, que nous comprenons que le sein appartient à un autre, un autre qui en est porteur et qui a sa propre autonomie : la mère. (C’est peut-être ici que naît la genèse des conflits avec notre mère : elle nous a piqué le sein.)
Ainsi, ce qui semblait à nouveau faire complétude (nous et le garde-manger) est séparé par l’autonomie d’autrui (la mère) dont nous sommes dépendants. Fini la fusion ! Fini le sentiment de toute-puissance !
C’est ici, le premier deuil humain. Cette perte du sentiment de fusion nous poursuivra toute notre vie. Nous aurions le sentiment d’avoir « perdu quelque chose ». Et, nous le rechercherons, notamment par l’amour amoureux (ou dans la religion ou dans une passion…). Ce « quelque chose » perdu et recherché, s’appelle l’objet@ chez Lacan.
La recherche de cet objet @ est au centre de la vie humaine ; certains l’appellent « Bonheur », d’autres « Harmonie », d’autres l’attendent plus ou moins explicitement de l’Amour. Dans tous les cas, c’est la recherche de cet objet@ qui stimule tous nos idéaux (amoureux, religieux, philosophiques).
Nous trouvons le monde imparfait, incomplet… C’est qu’il existe une pièce manquante que nous pouvons retrouver.
L’idéal de l’amour, c’est, donc, l’espérance de la retrouvaille d’une pièce manquante qui n’est rien d’autre que le sentiment premier de fusion.
La solitude existentielle et l’amour
Cette recherche de « l’Objet@ » se repère par la solitude existentielle que nous traversons tous. Effectivement, nous naissons seuls, mourrons seuls et, entre les deux sommes, nous souvent seuls dans notre tête (quand bien même nous la peuplons de personnages imaginaires qui se contredisent).
Et, même si j’enfonce des portes ouvertes, il faut souligner que ce n’est pas facile tous les jours. (Confirmeront tous ceux qui ont le « mal du dimanche soir »).
Seul l’amour, dans ses premiers temps, nous distrait de cette solitude existentielle. Une rencontre-passion, peut nous faire croire avoir enfin trouvé un compagnon de voyage, un objet @ conforme à notre besoin de partager le navire, parce que cet inconnu nous semble si proche.
Ou nous l’espérons si fortement qu’il soit enfin cette part manquante. D’ailleurs, les poètes, les musiciens, les écrivains, les cinéastes semblent nous le promettre, attisant notre espoir. Puis, dans d’autres chansons, ils exprimeront les désillusions : l’autre est autre. En cela, l’autre est imparfait.
Effectivement, rapidement en devenant proche, l’autre montre simultanément ses dissimilitudes et donc sa défaillance à nous laisser moins seul. Il est incapable de faire fondre cette solitude et cette incomplétude.
L’imperfection de l’autre
L’autre est imparfait. Et c’est déjà une trahison ! L’autre n’est pas cette pièce manquante !
Et pire, l’autre est incapable de la révéler en nous, puisqu’elle n’existe pas en nous. (Ce serait trop simple et vachement moins marrant.)
Pire encore, l’autre est incapable de révéler chez nous une aptitude à vivre sans cette pièce manquante. Nous allons continuer à la chercher. La quête ne cessera pas. L’objet @ est toujours un objet manquant.
En cela, homme ou femme, l’autre est toujours un salaud.
Le langage commun
On croyait l’amour capable de remplir ce trou. On l’a lu/entendu et espéré si fort !
Et presque ressenti parfois.
Avec l’autre notamment, dans ce que j’ai envie d’appeler (par pur caprice) : « le langage commun ».
Il existe dans les premiers « je t’aime » échangés avec sincérité, dans le premier regard d’un coup de foudre, dans une œillade complice face à une private joke, dans ces discussions sans fin qui finissent au petit matin et dans la beuverie, dans cette partie de jambes qui rime avec osmose, dans cette dispute où l’on étouffe un fou-rire parce-qu’il-faut-rester-sérieux-merde-c’est-une-vraie-dispute-d’aldutes-avec-des-choses-importantes-dedans…
Ce langage commun est créé du souhait de le voir exister la complétude (le fameux objet@), mais aussi de l’observation lente de l’autre, de ce côte-à-côte qui vient avec les mois…Parce qu’on partage du commun, du sentiment, de l’atmosphère, du gout et du regard. On apprend de l’autre, on apprend à voir avec ses yeux, à lui. Et l’autre apprend de nous, il nous connaît.
Le paradoxe du langage commun
Le paradoxe du langage commun c’est que plus nous connaissons l’autre plus nous voyons ses dissemblances avec nous. Autrement dit, plus nous nous saisissons de l’univers de l’autre, plus l’autre devient étranger.
Pire (ça a l’air d’aller de mal en pire, mon projet, mais promis, à la fin, ça s’arrange et on vivra heureux avec beaucoup d’enfants) en nous connaissant, il nous cloisonne ou délivre, selon ce qu’il porte dans son regard sur nous.
-
- Si le regard est positif, réconfortant, accueillant, nous pourrons nous sentir délivré par l’autre.
- Si le regard est négatif, jaloux, inquiet, nous pourront nous sentir étouffer par l’autre
.
Le regard de l’autre lui appartient, certes, mais nous l’avons quotidiennement en face et il fait office de miroir. Les méconnaissances que porte l’autre sur nous, nous apparaissent comme un manque d’écoute, comme la défaillance de l’autre à se saisir de nous, tel qu’on aimerait qu’il le fasse.
C’est au cœur du paradoxe du langage commun que se loge l’incompréhension.
La douleur de l’incompréhension
Rien n’est plus douloureux qu’une incompréhension, de ne pouvoir être compris en l’autre, par l’autre, dans un geste tendre qui nous ramènerait à lui. Être com-pris, être pris-contre lui. Et, non à contresens.
Et pire ! Nous ne pouvons pas toujours comprendre l’autre. Parfois il nous échappe. Il s’enfuit du langage commun (partagé), et le trou béant du manque s’écartèle, il nous trahit ! Il nous trompe ! Il a menti sur sa promesse à tenir son engagement, d’être là, de nous ouvrir le dialogue particulier au couple. Nous sommes seules.
Le sentiment de trahison dans l’infidélité vient de là, me semble-t-il, de ce moment où l’autre s’échappe de notre regard, ne veut plus être sous son joug. Il mène une vie propre avec des désirs qui ni nous appartiennent, ni sont dirigés vers nous.
La question de l’incompréhension : pourquoi m’aimes-tu ?
Est-ce que tu m’aimes parce que tu planes dans l’illusion de la complétude ( dans une passion primaire et trompeuse, ta quête de l’objet@) ou m’aimes-tu pour moi, moi et mon incomplétude (et mon incapacité à être ton objet perdu, ton fantasme d’harmonie ) ?
Et à nous de nous demander : puis-je accepter cette différence de l’autre ? A quel point puis-je accepter cette incapacité de compréhension mutuelle ? A quel point puis-je accepter la différence de l’autre avec l’objet @ ? Autrement dit, qu’elles sont mes limites dans la désillusion ?
D’autant plus que c’est le sentiment d’approcher l’objet @ qui nous offre le florilège des émotions à fleur de peau. L’acceptation de l’autre, c’est peut-être le choix d’une confiance plus profonde mais oh combien moins sensuel !
Et certain-e-s attendront encore de l’amour, cet objet @. On se cocufiera, on se quittera, on se passionnera, on se disputera pour chercher à faire coller l’autre à cet idéal, à cet objet perdu d’harmonie que l’on espère tant.
« Le plus dur en amour, c’est de renoncer à l’idéal même de l’amour pour l’autre. »
Anashka, beuverie n°15 (oui, je me cite à nouveau. Bientôt, je parlerais de moi à la troisième personne.)
CONSEIL : Cherchons. Et, choisissons un jour de poser nos valises, de s’arrêter sur une personne, un temps, pour le moins. Parce qu’il y a moyen de faire route ensemble pour chercher chacun son objet@ ailleurs, dans d’autres idéaux (paix dans le monde, transmission des savoirs, lutte contre l’injustice, victoire mondiale mais pacifique des hippies sur le monde capitaliste, éclosions des tomates cerises de la jardinière…).
Comment gérer les incompréhensions ?
- En comprenant les enjeux de l’incompréhension.
- En choisissant réellement si l’on accepte les dissemblances de l’autre (le choix sera nécessairement souvent remis sur le tapis, à chaque crise… C’est normal. On a le droit de se poser des questions et de revenir sur ce type de décision, puisque c’est un choix)
- Et, après en s’expliquant avec de la communication non-violente, les pourquoi du comment. (A chaque incompréhension et chaque couple, sa méthode et son explication.)
Et vous, que pensez-vous des enjeux de l’incompréhension ? Comment les comprenez-vous ?