Séduction féminine et slut-shaming : comment composer ?

slut shaming et séduction
Comme toujours, je suis en retard. La journée des droits de la femme est passée. Peu importe.

Nous parlerons quand même de ce phénomène de société qui nous touche toutes (séductrice ou non) : le slut-shaming.

Aujourd’hui, la femme voulant séduire se retrouve confrontée à des contradictions.

Séduire, mais pas trop. Rester passive, mais pas trop. Prendre les devants, mais pas trop. S’éclater sexuellement, mais pas avec « n’importe qui ». Avoir de la force de caractère, mais pas plus qu’un homme. Être sexy, mais sans être vulgaire. Être discrète, mais sans être effacée.

La séduction au féminin devient un véritable jeu d’équilibriste. Et, si on tombe, la sanction peut être lourde. Dans un sens on devient la « frigide mal-ba*sée » dans l’autre la « sal*pe ».

Autant annoncer la couleur, sur cet article, j’ai sorti les crocs.

Enjoy.

Qu’est-ce que le slut-shaming ?

Boobs et slutshaming

Le « Slut-Shaming » c’est l’humiliation des sal*pes.

Sous forme d’humour, il s’agit d’entretenir l’idée que le sexe est dégradant pour les femmes, par des remarques du type « Elles se tapent plein de mecs, c’est une sal*pe ». « Tu as vu comme elle est sapée, faudra pas s’étonner si elle se fait violer ».

Très loin de l’humour potache (ne nuisant à personne), le slut-shaming appuie la dichotomie vierge/putain. La seconde, bien que l’on couche avec, est source de mépris et de moqueries.

(Mais, pourquoi donc tremper son spaghetti dans les cuisses de quelqu’un que l’on n’estime pas ?! J’aimerai qu’on m’explique, un jour.)

Vous l’avez deviné, le slut shaming est une pratique profondément sexiste. Il attaque les femmes sur leurs sexualités. Mais les hommes aussi, sur leurs manques de « virilité », avec des termes comme « tapettes ».

Le slut-shaming c’est du harcèlement. Il est de plus en plus répandu chez les adolescents, grâce à l’essor des réseaux sociaux. Il a conduit à des changements de lycée ou des suicides

(On comprendra que j’ai très peu d’humour sur le sujet.)

Le Slut Shaming, c’est une manière confortable de justifier le viol. En gros, on accusera les victimes d’être responsables. (Allo ! T’as pas de shampoing, mais Allo, quoi!)

  • « Elle n’avait pas qu’à sortir sans mâle dans ce quartier. »

    (Réduire sa liberté individuelle parce qu’il y a de grands malades dans les rues qui pensent que « consentement » c’est le nom d’une marque de capote, c’est grave, quand même. On ne se tromperait pas de coupable, par hasard ?)

  • « En même temps, habillée comme ça… »

    (Vrai que 5 cm de jupes en plus est un redoutable rempart contre le viol. Mieux que la bombe à poivre ou les cours de Krav Maga. Encore une fois, erreur sur le coupable.)

  • « C’est une allumeuse, elle assume ».
    (C’est là, où la séductrice que je suis s’insurge ! Draguer un homme, ne veut pas forcément dire que l’on veut coucher avec. À moins que l’on résume la richesse des relations hommes/femmes au sexe. Bref, nous y reviendrons).

Le problème du slut-shaming est qu’il est tellement répandu, que nous n’y prêtons plus attention. Les femmes les premières, peuvent se mettre à taxer une congénère de ces noms d’oiseaux qui n’ont pas lieu d’être.

La séduction féminine doit-elle être passive ?

Séduire, quand on est une femme, n’est jamais évident :

  • Nos connaissances dans le domaine sont relativement pauvres (quand je lis la presse féminine, j’ai peur)
  • Notre peur du râteau importante (on s’entend tellement dire que c’est simple, pour nous…je me permets: lol)
  • Nous devons ABSOLUMENT calibrer notre drague.

Depuis longtemps, la séduction féminine est associée à la passivité. Sois belle, souris, ne parle pas de sujets trop intelligents et attends qu’il te drague. En gros, sois une belle proie, pour que le chasseur s’amuse un peu. Pas trop facile, mais pas trop difficile non plus.

C’est séduction-là est en train de changer. Bien que d’autres pays européens soient bien plus en avance que nous sur le sujet, les Françaises commencent à prendre le taureau par les cornes et se lancer elles-mêmes sur le terrain.

Elles ont raison ! Avec une séduction passive, on choisit parmi les prétendants (qui ne nous plaisent pas forcément). Avec une séduction plus active, on choisit parmi TOUS les mecs existants, donc on a bien plus de chances de finir avec celui qui nous plaît.

Beaucoup d’hommes encouragent ce type de démarche. Elle leur permet, à eux aussi, de faire de nouvelles rencontres et de se laisser porter, un peu.

Finalement, pourquoi la drague serait l’apanage des hommes, uniquement ?

Mais, comme nous ne vivons pas dans un monde parfait, en séduisant activement, nous nous confrontons à de nombreux stéréotypes, clichés… Celui de l’allumeuse, de la fille facile, de la salope, etc.

Du slut-shaming, en somme. D’où la difficulté à séduire activement les garçons. On préférera les longues périodes de célibat en solo plutôt qu’une réputation salée.

La séduction active et le slut-shaming.

Celles qui me suivent depuis longtemps le savent. J’ai d’abord dragué avec des mecs. Je pratique ce que l’on appelle le NPU (la drague de bar). Concrètement, c’est de l’application de techniques pour avoir le plus de numéros (ou plans culs) possible. On est dans du quantitatif.

Si ce type de démarche surprend à peine pour un homme, elle est bien moins appréciée pour une femme. Pourquoi ?

Cliché 1 : la fille facile ?

Beaucoup de personnes pensent que séduire est beaucoup plus facile pour une femme que pour un homme. Ce n’est pas exactement vrai : coucher est plus facile pour une femme, parce que la plupart des hommes ne sont pas très difficiles.

Tant mieux pour elle, si elle en profite. Pourquoi la taxer de fille facile ? Pourquoi d’ailleurs, une femme devrait être plus difficile qu’un homme ?

On me souffle à l’oreille : « Parce que les hommes ont un instinct de chasseurs et ils préfèrent quand la proie n’est pas directement accessible. ».

Je l’entends. Nous aussi, on aimerait des hommes plus difficiles. On fait avec ce qu’on a.

Pourquoi se priver de relations sexuelles pour faire plaisir à un potentiel futur petit-ami ? L’altruisme a des limites.

SLUT-SHAMING !

Cliché 2 : l’allumeuse

Elle drague, mais elle ne couche pas. Ou pas systématiquement. Résultat, certaines personnes sont jalousent de son talent (oui, la séduction est un talent qui se travaille, même pour les femmes) ou sont frustrées de ne pas aller plus loin.

On conseille aux hommes de s’entraîner. Il s’agit de savoir séduire n’importe qui, n’importe quand. Ainsi, quand ils rencontreront LA femme (je reviendrais sur le concept un jour), ils seront à l’aise.

Dans l’absolu, ce n’est pas un mauvais conseil. Bien sûr, il faut séduire sans mensonge, ni masque. En gros, ne pas faire croire qu’une grande histoire est possible quand ce n’est pas le cas. Mais sinon, pourquoi pas ?

Mais au fait, quelle différence avec cette femme qui séduit pour s’entraîner (n’importe qui, n’importe quand) ?

SLUT-SHAMING !

Cliché 3 : la sal*pe

Elle couche beaucoup et elle aime ça. En même temps, heureusement, non ?

Pourquoi insulter ainsi les femmes qui aiment le sexe ?

J’veux dire, à la base, la sexualité, ça ne sert pas à se faire du mal (sauf SM et encore).

SLUT-SHAMING !

Cliché 4 : La LSE hard (ou Attention Whore)

LSE hard

La LSE hard, pour celles qui ne connaissent pas, c’est une femme avec une basse estime d’elle-même qui compense en séduisant les hommes. (Jargon de séduction)

C’est une logique que j’ai souvent lue, les grosses dragueuses sont des filles qui manquent de confiance en elles et donc, qui vont chercher l’approbation dans le regard des hommes. Ce n’est pas systématiquement faux, ça peut arriver. Comme pour les grands séducteurs, d’ailleurs. Mais, ce n’est pas juste pour autant.

Cette grande dragueuse peut aussi prendre du plaisir à séduire, à plaire et à être admirée des hommes. Pourquoi devrait-elle être forcément malheureuse ?

Associer la séduction féminine à la basse estime de soi, c’est refuser de reconnaître que les femmes AUSSI peuvent aimer plaire. (C’est HUMAIN).

La LSE Hard est généralement décrite comme attachante (donc dangereuse), drôle, intelligente avec un charme incroyable. On y ajoute une sexualité assumée et débridée et un penchant pour les excès. Sur de nombreux sites de séductions, elle admise comme une séductrice hors pair qui maîtrise les techniques et fait facilement tomber en OI les garçons.

Un tombeur au féminin. Un Alpha, en somme.

Alors, pour l’associer à du manque de confiance en soi (chez la femme) et à une bonne estime (chez l’homme) ?

On conseille aux hommes de fuir ce type de femmes ou d’être très cassants pour se les taper sans les rappeler. Anashka est atterrée. Pourquoi avoir peur des filles confiantes à ce point là ?

Décrédibiliser les bonnes séductrices, c’est interdire l’accès à la séduction aux femmes (enfin, la séduction active) et c’est triste.

Si ce n’est pas du SLUT-SHAMING, je ne suis pas une femme.

Comment combattre le Slut-Shaming ?

Ce n’est pas une mince affaire. Certaines pratiques de slut-shaming sont tellement intégrées, qu’elles paraissent normales. Et, la femme qui se soulèvera, qui posera les limites en disant qu’elle ne veut pas entendre ça sera taxée de « mal ba*sée » ou de manque « d’humour ».

Je ne trouve pas particulièrement drôles les appellations ci-dessus. Ni leurs conséquences.

  • Pour éviter d’être victime de réputation peu ragoutante, mon meilleur conseil est le plus lâche : la discrétion ou rentrer dans le moule.
  • Pour combattre, commençons nous-mêmes par enlever « salope », « fille facile », « LSE hard » de notre vocabulaire. Et expliquons à nos interlocuteurs (avec patience) que nous ne voulons pas entendre ça. Même quand ils parlent d’une fille que nous n’aimons pas.
  • Pour aller plus loin, vivons notre vie. Laissons la bave du crapaud couler. Et, avec force et courage (ça en demande) écoutons-nous, nous et nos désirs, plutôt que de se laisser pourrir la vie par les braves gens. Quitte à effacer quelques boulets de notre vie.
  • Radicale ? Pas autant que les gamines qui se sont foutues en l’air à cause de ce genre d’idioties.


    Et vous, que pensez-vous du Slut-Shaming ? Comment le combattez-vous ? En avez-vous déjà été victime ? Pensez-vous que l’on peut-être une séductrice en échappant aux clichés ?

    Anashka,

    Séduizeuse engagée.