C’est quoi, une fille facile ?

cest-quoi-une-fille-facile

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C’est au collège que j’ai entendu le terme pour la première fois. Il était accolé à une gamine de 14 ans qui roulait un peu trop de patins au regard de la norme pubère. Je n’ai pas vraiment compris. Pourquoi les garçons embrassaient-ils une nana qu’ils méprisaient ?

Depuis, j’ai un peu grandi. Et, j’entends encore cette dénomination. Je suis toujours interloquée. J’ai cherché sa signification sur internet, j’y ai trouvé une foule de conseils pour ne pas passer pour une fille facile, des points de vue tranchés mais très peu de définitions.

C’est seulement en opposition à ce que doit être une fille normale que la fille facile semble exister.

Lui ressembler, c’est se condamner à ne jamais construire de romance. Ayant couché avec tout le monde, elle ne mérite personne, et surtout pas un Homme de Sa Vie. On effraie les enfants avec le grand méchant loup. On terrorise les demoiselles avec cette étiquette, marque au fer rouge qui, une fois inscrite, fera fuir tout amoureux potentiel.

Qui est la fille facile ? Comment la définissons-nous ? Quels sont les critères discriminant cette femme de celles qui gagneront le droit de s’épanouir dans une relation amoureuse ?

Une fille qui couche le premier soir .. ?

Je pensais ce principe désuet ! Et pourtant, le vieux débat : « Faut-il coucher le premier soir ? » est toujours d’actualité.
Je supposais même que les femmes seraient généralement plus promptes à juger que les internautes masculins. J’imaginai ces derniers plutôt ravis que de plus en plus de demoiselles grimpent dans l’ivresse amoureuse, sans attente superflue.

J’avais tort sur toute la ligne !

Pour beaucoup, les femmes impatientes sont encore – aimablement – catégorisées en filles faciles. Et, la sentence tomberait surtout de la bouche des hommes.

J’y ai même lu, sur Marie-Claire (ça vaut ce que ça vaut), qu’un tiers d’entre eux aurait plus de respect pour une femme qui attend. Il aurait ainsi le sentiment de la mériter.

Vous, comment comprenez-vous cette notion de mérite ?

Mon vagin serait-il une médaille à offrir à celui qui aura su me séduire au mieux ? Ma sexualité doit-elle être la récompense d’une drague acrobatique masculine ? A-t-on oublié que j’avais un désir propre ? Que la recherche de MON plaisir était peut-être plus importante pour moi que l’envie de faire don d’une gratification sexuelle à messieurs ?

Profondément, j’exècre cette notion de mérite.

Mon vagin n’est pas un cadeau, une offrande, une décoration, que je me dois de sacrifier pour bon comportement ! Si je blesse un Ego masculin laissant choir la bretelle de mon soutien-gorge (devant lui ou un autre) la première nuit, c’est SON problème. Pas le mien.

Le mien se suffit dans le plaisir que j’y ai pris (ou pas).

Alors, s’il me taxe de fille facile, parce que 23 rendez-vous me semblaient inutiles pour l’aimer, c’est qu’effectivement, le mec ne me méritait pas.

Un tiers des garçons respectent moins une femme qui s’envoie en l’air le premier soir.

Sans commentaires. Ces hommes doivent assez souffrir. Ils déconsidèrent une fille qui coucherait avec dès la rencontre. Leur corps dégrade celui de la femme qui le touche trop vite. Quelle image en ont-ils ? Pensent-ils leur plaisir si…sale ?

Note : J’espère que les chiffres avancés sur Marie-Claire sont de gros FAILS. Sincèrement.

Une fille qui a plus d’expériences que son mec..?

Lu sur un forum : Un internaute disait refuser vivre une relation amoureuse avec une femme ayant eu plus de partenaires sexuels que lui.

Lu sur un autre forum : Un homme demandait s’il pouvait rester avec sa copine. Elle avait connu huit histoires avant lui, à 25 ans. Il s’interrogeait afin de savoir s’il devait la larguer ou non.

Le choix du vocabulaire me surprend : une fille ayant beaucoup d’expérience est donc facile plutôt qu’expérimentée ?

Encore une fois, j’ai le sentiment (vous me direz si vous partagez) qu’on se heurte à un profond manque de confiance en soi, en ses compétences sexuelles.

Apprendre la sensualité auprès d’une femme est-ce tellement castrateur qu’il vaut mieux la quitter ? Est-ce une peur de la comparaison ? Et, craint-on que ladite comparaison joue en notre défaveur ? Est-il si difficile de perdre à « qui pissera le plus loin » quand on concourt avec le sexe faible ?

Il existe des hommes qui désirent encore aujourd’hui être le seul, l’unique, le premier, à défaut d’être le dernier… ils sont ainsi certains d’être le meilleur partenaire que leur moitié ait connu. Cette éthique a tendance à se raréfier, et c’est tant mieux ! Le passé d’une femme ne devrait concerner que celle-ci!

Pourquoi, plus qu’un mec, devrait-elle attendre le Grand Amour pour découvrir les plaisirs charnels ? J’entends bien que le garçon en question y obtient un fort sentiment de possession des désirs de l’autre, mais ELLE, qu’y gagne-t-elle ?

Pour l’expérience sexuelle, c’est pareil.

Que gagneraient les filles à être moins expérimentées ? Ce sacro-saint respect masculin ? En quoi la compétence n’est-elle pas respectable ? On l’admire, pourtant, chez les hommes. Beaucoup d’entre nous apprécient un garçon qui aurait vécu, appris, et qui saurait y faire. Pourquoi serait-ce différent pour les femmes ?

Un conseil, Mesdames, ne vous épanchez pas trop sur votre passé charnel.
Dites à l’amant du moment qu’il est le meilleur des — très peu — mecs que vous ayez connu.

Une fille qui couche avec n’importe qui… ?

C’est la définition que j’ai trouvée de manière la plus récurrente sur internet : une fille facile est une fille qui couche avec n’importe qui.

N’importe qui : indiquent un individu, une chose qui ne sont pas définis, dont la nature est indifférente, en particulier dans l’éventualité d’un choix. ( Dictionnaire Larousse)

Existe-t-il réellement de femmes qui ba*se avec un individu non défini, dont la nature est indifférente ? Des nanas qui ne choisissent pas, et disent OUI à toutes les propositions ?

Soyons sérieux. Personne ne couche avec n’importe qui. Une discrimination, même légère, est systématique. Elle peut porter sur la tranche d’âge, le poids, la « beauté » ou le lien familial/professionnel…

Nous sommes face à une hyperbole signifiant : beaucoup. Par conséquent, une fille facile serait une fille qui s’amuse avec beaucoup de mecs.

Beaucoup, c’est combien ?

Vingt ? Trente ? Cinquante ?

Admettons qu’à partir de trente nous considérons une femme comme facile, comment appelle-t-on celle qui a fricoté avec vingt-neuf hommes? Une limite quantitative des aventures est discriminant facile de difficile est ridicule. Nous le voyons bien.

« Beaucoup » est un concept flou, non-quantifiable, changeant d’une personne à l’autre. Seule la subjectivité du jugeur en trace les contours. Nous le savons, un jugement n’implique que celui qui le pose.

Dès lors, les filles faciles existent uniquement dans la tête de ceux qui les jugent comme tels.

Le queutard est-il une fille facile ?

Si nous concédons que le queutard couche avec beaucoup de monde pour de nombreuses subjectivités, peut-on dire qu’il est une fille facile ? Non. Nous appelons rarement un collectionneur de femmes un garçon « facile ». Au contraire, sa capacité à séduire le glorifie . Question d’offre et de demandes.

C’est un fait communément admis : il est moins difficile pour une femme de s’envoyer en l’air que pour un homme. (Forcément, les nanas refuse à passer pour des filles faciles. Le serpent qui se mord la queue.) Certains en conclurent que c’est par faiblesse qu’elles ont vécu cette aventure : c’était tellement simple pour elle !

Outre que l’association sexe-trophée commence à être fatigante, taxe-t-on un basketteur de tricheur parce que, étant plus grand que les autres, marquer un panier est plus aisé pour lui ? Non. Alors, d’où vient cette jalousie sexuelle ?

En bref, une fille facile est une fille qui prend son pied avec beaucoup de monde, profitant de l’accessibilité des garçons. En allant plus loin, nous dirons que les hommes sont de fait peu timorés. Pour éviter un pléonasme, nous n’ajoutons simplement pas l’adjectif « facile » à « homme« .

Une fille qui couche pour être aimée… ?

C’est ma dernière trouvaille du web : une fille facile est une fille qui couche pour être aimée.

Ça arrive. Oui. Soyons sûre que ceux qui abusent d’elles méritent plus de respect que cette gonzesse troquant sa tendresse contre un amour toujours falsifié. Méprisons-la ! Elle recherche de l’affection chez n’importe qui. Ces garçons le savent, ils en font partie.

Ai-je réellement besoin de pousser le débat ?

Et pour vous, c’est quoi, une fille facile ?

Anashka,

amoureuse des filles faciles