Témoignage : «Mon entrée en couple libre»

entrer en couple libre

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Aujourd’hui, je laisse la parole à une lectrice, Alyna, qui témoigne de son expérience amoureuse. En couple depuis longtemps, elle et son partenaire ont décidés de s’ouvrir au « couple libre ». Voici son cheminement et ses interrogations.

Avant tout : ce témoignage n’est en aucun cas là pour dire « c’est comme ça qu’il faut vivre ». Je ne pense pas détenir la vérité. Il fait juste état des réflexions que mon homme et moi avons eues à ce sujet, ce sont les nôtres, et je comprends parfaitement qu’elles ne soient pas partagées par tout le monde.

Le choix de la relation libre

Lui et moi, on s’est rencontré à 15 ans. On s’est embrassé dès le 1er soir et- sans dire que depuis c’est un long fleuve tranquille- je pourrais dire que c’est une très belle histoire d’amour.

L’été dernier, après avoir fêté nos 8 ans, on a pris une décision : celle d’être un couple libre

On en parlait depuis plusieurs années, en se disant « quand on aura 40 ans et qu’on regrettera de ne pas avoir beaucoup d’expériences ». Et puis, petit à petit, on a commencé à se demander à quoi ça servait d’attendre. La vie, c’est maintenant.

Notre décision a été soudainement avancée parce que j’ai été confrontée à un choix : accepter les expériences que la vie m’apportait sur un plateau et tromper mon homme ou ne rien faire ?

Je n’ai rien fait (hors de question pour moi de le trahir), mais ça a donné lieu à de nouvelles discussions, puis à cette décision.

Quelles limites ?

Tout de suite, on a senti le besoin d’encadrer cette nouvelle liberté par des règles. Parce qu’il ne s’agit en aucun cas de faire souffrir l’autre. Je considère que c’est à chaque couple de fixer ses propres limites, mais à titre d’exemple, je pourrais citer :

  • ne pas coucher avec les amis de l’autre
  • ne ramener personne à la maison
  • ne jamais rien cacher à l’autre
  • quand l’un des deux va voir ailleurs, l’autre a le droit de poser toutes les questions qu’il veut (ou au contraire, choisir de ne rien savoir)
  • ne jamais avoir de sentiments pour une aventure. On considère que si sentiment il y a, alors il faut arrêter (sans ça, on en revient à de l’infidélité)
  • toujours, toujours, toujours, faire passer l’autre en priorité
  • etc.

Ces règles ne sont pas figées.

Elles évoluent, notamment quand du désir pour une tierce personne se manifeste. C’est l’occasion pour nous d’en rediscuter, de redéfinir nos limites : « ça va un peu trop loin », « ça, je ne le sens pas », « ça, ça ne me pose pas de problème », etc.

La seule règle qui ne changera jamais, la plus importante à nos yeux, c’est la dernière que j’ai citée. En particulier parce que cette règle nous donne le droit de dire « Je veux qu’on arrête la relation libre ». C’est en fait la règle du respect. On a fait le choix de vivre ensemble, on fait le choix de s’aimer, et le respect du ressenti de l’autre n’est pas optionnel.

Les clés de la réussite.

Pour que ça marche, il y a selon nous deux clés : la communication et l’honnêteté. Si l’on commence à se mentir, c’est là qu’il y aura tromperie. Mais, ça, ça ne date pas de cet été. Ce sont les clés de notre couple, depuis ses débuts ou presque.

Pourquoi a-t-on fait ce choix ?

(pas forcément dans l’ordre)

1. L’humain n’est pas d’un naturel fidèle

(sinon il n’y aurait pas toutes ces histoires de tromperies).

Malgré ça, on nous a toujours appris que les relations sexuelles, c’était avec un seul et unique partenaire (un reste de religion ?). C’est un interdit qu’on ne comprend pas, et on arrive petit à petit à s’affranchir de ce diktat pour vivre d’une façon qui nous ressemble plus.

2. L’autre ne nous appartient pas

On part du principe que quand on est en couple, l’autre ne nous appartient pas. Au contraire, aimer autrui c’est vouloir son bonheur (et le meilleur souhait que l’on puisse faire à quelqu’un, selon moi, c’est qu’il profite de sa vie sans se mettre de barrières inutiles).

3. Le flirt est agréable

La séduction, le flirt, découvrir de nouveaux corps, de nouvelles façons de faire, de nouvelles personnes : ça fait partie de la vie. Et pourquoi se priver de vivre une partie agréable de sa vie sous prétexte qu’on est en couple ?

4. On peut porter un regard renouvelé sur l’autre

Aller voir comment ça se passe ailleurs permet aussi de se rendre compte à quel point on est bien chez soi, avec quelqu’un qui nous connaît depuis des années et qu’on connaît en retour.

5. C’est une bonne motivation pour prendre soin de soi

Depuis qu’on a pris cette décision, on remarque que chacun de nous prend plus soin de lui. Un peu par concurrence : « si je sais qu’il/elle va se faire séduire, j’ai aussi envie de le/la séduire ». Et un peu pour plaire aux autres, puisqu’on est à nouveau dans une démarche de séduction.

6. Pour reprendre confiance en soi

Prendre confiance en soi parce qu’on se rend compte concrètement qu’on plaît, et pas seulement à une seule personne.

7. Pour que la fidélité ne soit plus un problème

Beaucoup de couples avec plus d’années au compteur se sont séparés autour de nous.

La raison ? L’infidélité.

Souvent, l’infidélité est le signe révélateur d’un couple qui bat de l’aile. Mais ça a aussi l’air d’être un fléau auquel il est dur d’échapper. Et donc, à un couple qui bat de l’aile, s’ajoute alors ce sentiment de tromperie, et pire, de confiance meurtrie.

Ce qui se résume à :

  1. résister pendant des années aux désirs extérieurs, pour finalement
  2. qu’une entorse à cette règle contraignante signe malgré tout la fin du couple.

Ok, c’est une vision pessimiste de l’exclusivité, mais on a beaucoup constaté ça du côté de nos parents et de leurs amis.

La question de la jalousie.

Évidemment, la jalousie s’en mêle. Mais, passées les premières années du couple, elle est moins forte. On sait pourquoi on est ensemble. On a pris confiance en notre amour.

Par ailleurs, j’ai remarqué que je suis jalouse uniquement si mon « rôle » est mis en danger.

Par exemple

  • avec un homme dont je ne veux partager que la couette, je peux être jalouse des autres femmes qui ont ce rôle, mais pas de sa copine (puisque je n’ai pas envie d’être à sa place).
  • avec mon homme, je n’ai pas envie de n’être qu’une femme de plus sous sa couette, donc pas de jalousie. Par contre s’il avait des sentiments pour l’une d’elles, alors là je serais jalouse. Mais c’est très personnel.

Le fait de savoir qu‘on sera toujours prioritaire permet aussi de limiter la jalousie. Malgré la notion de couple libre, on garde une place spéciale. C’est nous et pas un(e) autre.

Les difficultés

Vivre de cette façon n’est pas une recette miracle pour faire fonctionner le couple. On traverse des doutes, des interrogations, des sentiments , auxquels on n’était pas confronté quand on était exclusif.

On est partagé entre l’envie d’en parler et l’envie de faire l’autruche.

Il y a l’inquiétude qu’un jour notre partenaire rencontre quelqu’un avec qui il/elle se dira que c’est mieux.

Il y a les questions qui entourent les règles qu’on se fixe. On découvre, on tâtonne, parfois on est à côté de la plaque…

Et puis, le regard d’autrui aussi : on n’en parle qu’à nos amis proches. Et si on le cache aux autres, ce n’est pas par honte, mais parce que ça ne serait pas compris par la majorité des gens…

 

Il me semble avoir fait le tour, mais je peux répondre à vos questions en commentaires. Et vos avis sur la question m’intéressent :)

Alyna