Comment nos croyances amoureuses influencent-elles nos relations ?

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Nous avons grandi avec toute une construction sociale sur l’Amour et le couple. Elle nous conditionne dans notre rapport à l’autre et nous pousse à vouloir nous engager.

Je l’appellerai le « mythe Disney ».

Ce mythe est composé de plusieurs fausses idées sur l’Amour, le couple et l’engagement. Beaucoup d’entre nous parviennent à faire la part des choses. Pourtant, même dans ce cas, certaines constructions sociales perdurent. Elles sont tellement ancrées !

Comment les mythes amoureux agissent-ils sur nos relations ? Comment faussent-ils nos histoires d’Amour ?

La réponse dans cet article.
Enjoy.

 

Fausse idée 1 : Tout le monde a le droit à l’Amour

Aux enfants, on explique qu’un jour ils seront très amoureux, ils se marieront et auront des enfants. On présente comme une évidence la rencontre avec l’Amour. Plus encore, la rencontre avec THE grand Amour, celui qui viendra transformer nos vies.

Il apparaît donc, comme une évidence, que l’Amour est sur le grand chemin de notre vie.

Réalité

Rien n’est moins évident.

Personne n’a promis que la vie était juste (900 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde), qu’elle était belle (la famine perdure depuis 30 ans en Corne d’Afrique) et que l’Amour y était inscrit (le mariage arrangé est une coutume perpétuée dans de nombreuses sociétés).

L’Amour romantique, tel que nous le connaissons est une invention du Moyen-âge.

C’est une superbe invention, j’en conviens. Et, je suis d’accord avec le fait que quelque chose qui a été inventé existe. Mais, de là à dire que c’est une évidence préinscrite sur le grand chemin de notre vie… il y a une marge.

Conséquence

Nous attendons ce grand Amour. Et comme il n’apparait pas, nous nous sentons flouées sur la marchandise. Nous avons raison, on nous a menti.

Comme pour le Père Noël.

Le plus gênant, là-dedans, n’est pas tant la déception que nous pouvons avoir quand nous nous rendons compte que l’Amour n’est pas un dû. Mais, que nous nous questionnons NOUS, de ne pas y parvenir. Que nous nous accusions de ne pas être à la hauteur.

Si tu ne vois pas le Père Noël, c’est TA faute, c’est que TU es NULLE et MOCHE, alors achète le nouveau mascara Dior, et le Père Noël t’emmènera sur son traîneau au pays des lutins magiques !

 

Fausse idée 2 : Le grand Amour commence par un « coup de foudre »

Attention, je ne nie pas que le coup de foudre existe. C’est possible. Je suis plus circonspecte à l’idée qu’il puisse ouvrir sur une histoire d’une vie. Mais, c’est possible qu’un électrochoc nous percute en un regard.

Je pense, néanmoins, qu’il est moins récurent qu’il n’y paraît.

L’idée que « THE BON » existe et qu’au premier regard quelque chose de magique se passera est une construction sociale, du mythe Disney.

Ouep, c’est romantique. Mais, c’est surtout dangereux.

Réalité

L’Amour n’a pas toujours un démarrage fulgurant. Parfois, il se construit au fil des rencontres et de la découverte que nous faisons de l’autre. Les sentiments naissent avec la confiance et le chemin parcouru à deux.

Ce que nous appelons « coup de foudre » est le plus souvent est un intérêt important que nous portons à l’autre. Dans cet article sur l’engagement, nous décrivons l’intérêt comme la première phase vers l’attachement. (Viennent ensuite l’appréciation et le bien-être).

Notre envie d’une « belle » histoire nous pousse à voir cet intérêt fort comme de l’Amour. En belle prophétie autoréalisatrice ( tout un article ici ), nous finissons par développer prématurément des sentiments. Nous commençons à projeter la suite de la romance, espérant que l’autre partage le mythe. À force de se faire des films, nous tombons dans l’indécrottable OI.

Autrement dit, la plupart du temps, ce que nous croyons être un « coup de foudre » est de l’intérêt fort pour un homme ET une envie de vivre le coup de foudre.

Conséquence

La première, nous en avons parlé, est la chute libre vers l’OI.

La seconde, c’est de chercher uniquement des histoires qui démarreront avec cette intensité émotionnelle. Nous ne prendrons plus le temps de vivre les différentes phases de l’Amour. C’est la porte ouverte aux OI à répétition (et aux déceptions qui l’accompagnent).

 

Fausse idée 3 : Quand on s’aime, on s’engage

Le couple, le couple, le couple.

L’histoire est simple. On se plaît au premier regard, on se séduit (les femmes vérifient que les intentions de Monsieur sont « sérieuses »), on tombe amoureux et on se met « en couple ».

Même pas besoin de définir ce que nous entendons pas couple : il s’agit, bien évidement, de monogamie, de fidélité, sentiments et projets communs.

S’il n’y a pas de couple à la clef, c’est que ce n’était pas de l’Amour ou que ce n’était pas notre moitié d’aubergine.

Réalité

Admettons que l’Amour soit un sentiment. Un sentiment qui part de soi. Qui, selon les personnes et les périodes s’associera à de la tendresse, de la passion, de la complicité, de la force, autre…

Admettons que le couple soit un partenariat. Une envie de partager un chemin à deux, de faire des projets ensemble. En bref de construire.

Le sentiment n’a pas nécessairement besoin de l’institution couple pour exister.

Notre expérience de l’Amour en est la preuve même. Nous avons aimé des hommes avec qui nous n’étions pas (ou plus), nous avons aimé des hommes avec qui la relation de couple était impossible.

Et il existe des polyamours, des amours libertines, des trouples (couples de trois, vous dites ça comment ?), de la polyandrie, de la polygamie… Ou simplement des gens qui s’aiment refusant, pourtant, tout étiquetage de leur relation.

Conséquence

Vouloir à tout prix le couple. Et en oublier la rencontre que nous sommes en train de faire.

Le couple devient le seul aboutissement possible d’une relation à deux. Nous devenons incapables de savourer des moments d’Amour qui ne s’ancreront pas dans une construction de relation. Si l’autre tarde à mettre l’étiquette tant désirée, nous doutons et nous angoissons sur ses sentiments.

Aimer nous inquiète quand il n’y a pas la promesse d’engagement.

Vouloir le couple à tout prix, c’est amputer de sa liberté l’Amour. Sa liberté d’aimer aujourd’hui et plus demain. Sa liberté d’ être intérieur avant d’être une pierre fondatrice d’une construction de vie future. Sa liberté de grandir à l’ombre de moments sans question, sans pression.

 

Fausse idée 4 : L’Amour rime avec couple qui rime avec bonheur

C’est la suite Disney logique : le couple rend heureux.

Le couple est perçu comme une échelle vers le bonheur. Un autre sera là pour nous en cas de besoin, nous ne serons plus seules face à l’adversité et l’on sera chaque jour restant de notre vie aimé avec force par un homme que nous avons choisi.

J’dis pas, le mythe est beau.

Réalité

La véritable beauté du couple tient dans les compromis, remise en question, et lieu de communication qu’il demande pour rencontrer réellement l’autre (dans un premier temps) et composer avec (dans un second).

Un couple, c’est se confronter à d’autres difficultés. Passée la fusion des premiers temps (où l’on a le sentiment de former qu’un), l’autre redevient autre, fondamentalement différent. Il demeure une part d’étrangeté chez lui, et nous ne le comprenons pas toujours.

Les projets communs demandent le réaménagement et/ou nous abandonnons de certains projets personnels.

Bref, le couple apporte ses bonheurs, mais aussi ses complications.

Les moments de la rencontre et la découverte sont magiques, mais ils ne durent qu’un temps, celui de la passion. C’est après que tous les enjeux du couple avec cette personne se rejouent.

Conséquence

La déception. Nous ne sommes pas toujours prêtes à ce cheminement. Et nous pouvons facilement déchanter. Nous ne sommes pas aussi heureuses que prévu. Les conflits peuvent prendre le pas sur la communication. Comme les sentiments perdurent, nous souffrons de l’incompréhension mutuelle.

Pourtant, ce sont ces « complications » pourtant qui font la richesse des histoires à deux. Par elles, nous apprenons beaucoup sur notre rapport à l’autre, donc sur nous. Nous pouvons passer à côté de cet apprentissage en désirant la félicité constante à tout prix.

 

Fausse idée 5 : Et ça dure une vie

On idéalise l’histoire de nos grands-parents (et parfois parents) qui après 20/30/40/50 de mariage sont toujours ensemble. On désire, alors, un amour qui ne se termine jamais.

La rupture nous apparaît comme un échec, une aberration. L’Amour, le VRAI, le GRAND, ça dure une vie. Et, si ça s’arrête, c’est que ce n’était pas « le bon ».

(Hum. Hum. Vous l’avez vu, je suis féroce sur cet article [je n’avais pas de café ce matin]. Vous vous doutez bien que je vais poursuivre. Vous me jetterez des cailloux à la fin. [Au choix, prenez des cailloux qui coûtent cher, genre, des saphirs.] )

Réalité

Reprenons, le couple est un partenariat de vie. Deux personnes qui ont des projets communs et qui les mettent en place ensemble. Généralement, il s’agira de fonder une famille.

Ce partenariat était pendant longtemps choisi par les parents. Un des partenaires s’occupait du financement, l’autre de la gestion du lieu de vie. Bien sûr, du partenariat pouvait naître tendresse ou Amour.

Notons que le divorce n’était pas concevable, simplement parce qu’il aurait mis en grande difficulté l’un des partenaires. Surtout la femme, d’ailleurs, complètement dépendante financièrement de son mari.

Mais, le couple, fondé sur le seul amour est une invention relativement récente. (Une belle invention, hein). La montée des divorces ne s’explique pas par une « crise du couple », mais par la difficulté à s’aimer aussi longtemps.

S’aimer une vie est un pari qui réussit rarement. Et le couple fonctionnant sur l’Amour plus que sur les compétences complémentaires (et nécessaire à la survie de l’un ou l’autre) en devient fragilisé.

La réalité veut que, parfois, l’on ne s’aime plus (on a trop changé), que l’on ne s’aime plus comme avant (l’ennui, l’habitude) ou que l’on désire aimer quelqu’un d’autre (la joie des commencements).

Nous avons donc le choix entre rester pour les projets, pour le couple ou partir… par désir d’Amour.

Ce choix est une CHANCE, peu importe ce pour quoi nous pencherons. Nous avons le CHOIX !

Conséquence

Penser que le GRAND AMOUR doit durer une vie, c’est vivre ses ruptures comme des échecs. C’est fracasser son estime de soi sur une norme bien-pensante qui ne reflète en rien la réalité du couple et de l’Amour.

Ou pire, faire sacrifice sur sacrifice pour tenir une relation qui n’a plus raison d’être.

Il y a des amours qui durent une vie. Mais l’intensité se perd, se retrouve. Et, si ce fantasme est réalisable, il n’en reste pas moins, que depuis que nous avons le choix de l’Amour, il n’a rien de systématique.

Parfois (souvent ?), s’arrêter n’est en rien un échec. Au contraire !

 

En conclusion

Et si nous cessions d’imaginer l’Amour pour le vivre ? Et si nous oublions un peu les croyances que nous avons sur lui, pour se confronter à sa réalité et à ses complexités ?

Peut-être faut-il simplement retrouver la richesse de la multitude de formes qu’il a à offrir ? Peut-être faut-il simplement écouter ce que nous ressentons ici et maintenant ? Peut-être faut-il lui rendre sa liberté, pour le rendre authentique ?

 

Et vous, pensez-vous que ces croyances ne sont QUE des croyances ou qu’elles contiennent une part de vérité ?

Anashka,
C’est bon, vous pouvez jeter les saphirs