La Carapace Amoureuse, cette Fausse Bonne Excuse

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carapace

En écoutant parler mes amis, en regardant des émissions en rapport avec l’amour ou en surfant sur le web, je constate toujours :

  • Le même refrain, « j’ai beaucoup souffert en amour par le passé ». Ainsi que le même contrecoup, « je me suis créé une carapace pour me protéger ». Pour en finir à, « maintenant, j’ai peur de m’attacher et je ne veux plus prendre de risques ».
  • Ma conclusion : ceci est une excuse, et même pas une bonne.

L’amour fait souvent mal, c’est un fait. Une douleur qui nous surprend par son intensité et nous effraie. Mais faut-il nécessairement enfermer son cœur à double tour après chaque grosse déception ou simplement par peur d’être blessé ?

Pour connaître la réponse et changer de refrain, c’est ici.

 

Avant de me lancer dans des analyses, je tiens à mettre en lumière deux catégories de carapaces amoureuses :

  • Celui que j’appellerai le joueur de violon. Vous savez, cet homme qui vous fait miroiter une relation sérieuse alors qu’il ne recherche en réalité, qu’à s’amuser.

Son mensonge préféré : faire croire qu’il a du mal à s’attacher à vous parce qu’il a été déçu en amour. En réalité, il a du mal à s’attacher tout simplement parce qu’il ne vous voit pas comme la femme avec qui il pourrait avoir une relation de longue durée.

  • Et celui qui a réellement été blessé en amour.

Dans cet article, je ne parlerai que de la deuxième catégorie. En espérant que vous saurez remarquer par vous-même s’il s’agit d’un joueur de violon, ou non.

Un schéma classique

Allô maman bobo. Il nous a quitté alors que pourtant, tout semblait bien aller, et même plus : c’était magique. Jean-Manuel nous avait promis la lune, et nous lui donnions chaque jour des étoiles. Un peu insouciants sur les bords, nous vivions cet amour comme si c’était la première fois. Donnant sans compter tout en mettant notre cœur à nu. L’emballement amoureux était à son paroxysme… et la déception qui en a suivi à sa hauteur.

Nous n’avons pas compris la suite. Comme si une étape, un moment de cette histoire, nous avait échappé. Mais le fait est qu’il n’est plus là et qu’il nous laisse uniquement le choix d’accepter la nouvelle situation. Et de mettre à la poubelle les milliards de projections que nous avions misées sur lui.

On digère mal cette déception et on a la désagréable sensation de s’être fait berner. Notre cœur met du temps à s’en remettre, parfois des années. Alors pour se rassurer, on se promet que tout ceci ne se reproduira pas une deuxième fois.

Ceci est un schéma classique. Nous l’avons tous vécu et/ou nous le (re)vivrons très probablement à un moment donné (oui, je suis très optimiste comme fille).

D’ailleurs, une citation dont je ne me souviens pas l’auteur (c’est avec tristesse que je ne pourrais pas vanter ses mérites), est à mon goût très pertinente : « Celui qui n’a pas connu la douleur [du cœur] n’a jamais connu le grand amour ».

En somme, une grande partie de la population a déjà eu le cœur brisé. Ce qui de fait vous amènera que très peu à rencontrer un Jean-Emmanuel vierge de toute expérience et de souvenirs.

Pas comme les autres

Jusque-là, je ne vous apprends rien. Le problème est que je constate une tendance générale à l’exagération de ces blessures antérieures. Attention, je ne nie pas que vous ayez vraiment souffert. Pleurer avec la morve qui coule, ça me connaît. La confusion se trouve dans la probabilité que cette souffrance vous arrive.

Il y a plusieurs années, j’étais tombée sur une étude réalisée par des scientifiques (dont bien sûr je n’arrive pas à mettre la main sur le lien !). Selon eux, chaque couple pense vivre une relation plus extraordinaire que les autres. Comme si votre relation avec Jean-Emmanuel était la plus belle relation qui n’avait jamais existé dans le monde. Vous pensez partager quelque chose de vraiment, vraiment fort, pas comme Berta et Jean-Claude.

Un constat aux allures absurdes mais qui au final, n’est pas tout à fait si insensé. Je me suis surprise à réaliser qu’au fond de moi, j’avais aussi cette logique.

La déception se déroule dans le même esprit. On s’imagine qu’on a plus souffert que les autres et que nous, nous avons ‘du vécu’ : « Ce mec, j’ai pris quatre ans à l’oublier ! – Non mais moi c’est encore pire. J’ai failli me marier avec lui ! – Ok, mais moi… ».

Alors que l’on se confie entre amis sur ses déceptions, la conversation se transforme en surenchères : qui aura la chance d’être le plus à plaindre ?

Alors que tout bonnement, nous avons tous souffert un jour ou l’autre comme jamais.

La douleur, considérée comme anormale…image recadre

À trop considérer que notre souffrance sort de la normalité, nous ne voulons pas l’accepter. Pire, nous en prenons peur. Les décisions amoureuses sont alors régentées par la volonté d’éviter toute blessure :

  • Plus de premiers pas. Car qui dit premier pas, dit risque de se faire rejeter.
  • Dès qu’une once d’attachement apparaît, c’est la fuite.
  • Nous ne ‘décidons’ d’aimer que si nous avons la conviction que l’autre nous aime d’abord.
  • Les exigences sont amplifiées et le pardon est plus difficile.
  • La difficulté effraie et amène plus facilement à abandonner. Il n’y a alors plus de place pour la « construction du couple », il faut que la relation soit idéale dès le début.
  • Face à l’incertitude, l’interprétation pessimiste est privilégiée.
  • Les choix découlent non pas du cœur mais de la raison.

De toute évidence, il est nettement plus difficile de rencontrer l’amour dans ces conditions.

… Au lieu d’un apprentissage

À l’inverse, considérer la souffrance comme une émotion naturelle et commune, aide à relativiser et se relever. La douleur est source d’apprentissage. Les personnes ayant traversé de lourdes épreuves dans leur vie sont généralement les plus matures et les plus fortes.

Votre rupture vous apprend à ne plus faire les mêmes erreurs (du moins si elles ont été identifiées –étape très importante-). Car effectivement dans une rupture, nous ne sommes pas toujours sans fautes.

Si aux premiers abords Jean-Emmanuel semble porter l’ensemble des torts, il se peut que ce ne soit pas exactement le cas. Or, les hommes sont généralement peu courageux lorsqu’il s’agit de vous donner les raisons de leur décision. C’est alors à vous, seule, de vous repasser le film de votre histoire et d’en déceler les erreurs.

Et de remarquer finalement que, peut-être :

  • Vous aviez de trop grandes attentes
  • Vous vous êtes trop emballée
  • Vous l’avez idéalisé

Et diverses autres raisons.

Une fois que vous avez détecté vos torts et accepté que cela arrive de tomber sur un mufle de Jean-Emmanuel (car oui, ça fait du bien aussi de se dire que ce n’était qu’un mufle. Après tout, il n’a pas su voir quelle personne incroyable vous étiez ;)), vous serez prêt à démarrer une nouvelle (et plus saine) relation !

Ajuster sa carapace

/!\ Attention toutefois /!\. (Parce que oui, les choses ne sont jamais simples. Sinon ce n’est pas drôle). Je ne suis pas contre la carapace amoureuse en soit, si elle est utilisée dans les bons moments ! Comme pour tout, ce n’est pas un scoop, tout est question de dosage et de contexte.

Si la potentielle relation risque de foncer droit dans le mur,

  • Parce qu’il a une petite-amie
  • Il ne cherche pas à s’engager
  • Il n’a pas fait le deuil de son ancienne relation
  • Etc

 Oui, mieux vaut se protéger dès le début et prendre ses distances. Ne plus avoir de carapace ne veut pas dire arrêter de se méfier et ne pas essayer d’éviter –a minima- de souffrir.

Mais s’il n’y a aucun nuage à l’horizon, il ne faut pas hésiter à se lancer.

L’amour, c’est donner son cœur sans contrepartie. Oui, ça fait peur et oui, c’est risqué. Et comme un pari avec un pote, parfois on perd. Mais ce n’est que partie remise.

Christelle,

Un peu masochiste sur les bords