L’attirance pour quelqu’un, l’intérêt accru qu’on lui porte, les émotions plus exacerbées sont des sensations que l’on considère comme irrationnelles. Dans l’esprit de beaucoup, l’amour ne s’explique pas, il se vit.
On peine alors à mettre des mots dessus. « Pourquoi Jean-Valjean m’intéresse plus que Jean-Bernard ? Je ne sais pas, je le ressens tout simplement. »
Et pourtant, derrière nos émois se cachent souvent des explications beaucoup plus rationnelles voir animales ! Entre hormones, instincts et autres phénomènes physiologiques, nos ressentis ne sont parfois que la réaction de notre corps à une situation donnée.
Votre attraction pour Jean-Pierre est-elle faussée ? Deux psychologues vous donnent la réponse grâce à l’analogie avec…un pont.
« The Capilano Bridge Study »
Intéressés par l’impact du corps sur l’attraction amoureuse, les psychologues Don Dutton et Arthur Aron ont mené des expériences dans les années 70 sur… un pont.
Pourquoi un pont me direz-vous ? Il ne s’agit pas de n’importe quel pont. Le Capilano Bridge situé à Vancouver est connu pour ses 137 mètres de long, précairement suspendus au-dessus d’une rivière : autant vous dire que vous n’avez pas envie de rigoler une fois dessus.
L’objectif, trouver un contexte géographique où leurs sujets seraient amenés à ressentir une grande anxiété.
Dans ce contexte, les chercheurs ont demandé à plusieurs hommes de traverser le pont. Au bout de celui-ci se trouvait une jolie assistante avec un questionnaire. Une fois le questionnaire rempli par l’homme, la jeune femme donnait son numéro de téléphone « pour toutes éventuelles questions ».
De la même manière, les chercheurs ont demandé à un autre groupe d’hommes de traverser un autre pont, mais cette fois-ci, beaucoup plus stable et sécurisant, avec encore une fois, la jeune assistante, le questionnaire et le numéro de téléphone à la fin.
L’expérience faite, Dutton et Aron se sont intéressés à la réaction des hommes face à la jeune femme : ont-ils essayé de la rappeler quelques jours après ?
Le constat tombe : les hommes ayant traversé le pont angoissant ont significativement plus eu tendance à rappeler l’assistante, par rapport aux hommes traversant le pont classique. Ils ont aussi répondu au questionnaire avec beaucoup plus d’allusions et images sexuelles.
Pourquoi ? Les hommes étaient sensiblement plus attirés par la jeune femme parce qu’ils avaient juste avant ressenti beaucoup d’anxiété. Les chercheurs expliquent cet intérêt par la mauvaise interprétation des hommes de leur état émotionnel. Ils ont attribué l’augmentation de leur rythme cardiaque et la moiteur de leurs mains à leur rencontre avec la jolie assistante, et non au fait qu’il venait de traverser un pont en bois et en câble suspendu 70 mètres au-dessus d’une rivière tumultueuse.
Les leçons à tirer de l’étude de Don Dutton et Arthur Aron
… pour séduire
Nous transférons parfois nos émotions engendrées par une source A, sur une source B parce que nous interprétons mal notre état physique. Ces émotions changent même parfois de sens (dans le cas du pont, les hommes passent de l’anxiété à l’attirance).
Regarder un film d’horreur avec un homme n’est plus alors qu’une simple excuse pour lui sauter dans les bras. C’est aussi une manière de lui faire transposer sa peur (si l’on spécule que le film lui fait peur) en attirance pour vous.
Si vous voulez qu’un homme se souvienne de vous comme une femme très attirante, n’hésitez donc pas à le stimuler physiquement. Faites des activités effrayantes ou excitantes comme des tours de manèges extrêmes, du saut en parachute ou toutes autres activités qui feront ressortir la petite fillette en lui. Le baiser à la fin sera d’autant plus passionné qu’il aura été déboussolé avant.
Voici un couple qui va s’amuser ce soir…
Attention toutefois ! Les chercheurs mettent en garde sur un point : l’attirance des hommes a été amplifiée dans le cas où ils trouvaient réellement la jeune assistante jolie, ou du moins, pas rebutante. Dans le cas où les hommes la trouvaient repoussante, cette sensation aussi s’est amplifiée.
Si vous êtes en froid avec votre target ou qu’il ne vous trouve pas particulièrement attrayante (pour ne pas dire moche), possible qu’il soit encore moins conquis après un saut à l’élastique.
La mauvaise attribution de nos émotions ne se limite pas à la peur et à l’excitation. Lorsque nous ne savons pas pourquoi nous ressentons un sentiment, nous cherchons inconsciemment la raison. Et par réflexe, nous l’associons à la personne ou l’objet en face de nous.
Voilà pourquoi lorsque nous sommes amenés à faire des choses constructives dans notre vie ou que nous avons de la chance, inconsciemment, nous pensons que c’est en partie grâce à notre partenaire. Et inversement.
… mais aussi pour vous
Cette étude met donc en lumière la capacité de notre corps à FAUSSER nos ressentis. Le contexte, le lieu, nous amène à ressentir des choses qu’en temps normal nous n’aurions pas éprouvées.
Un homme qui vous amène dans des endroits magnifiques à chacun de vos rendez-vous amoureux, et qui vous fait faire des activités excitantes, vous attirera non pas pour ce qu’il est, mais pour le contexte dans lequel vous le connaissez. Vous aurait-il réellement plu dans un cadre plus classique ?
Il faut alors se poser les bonnes questions et prendre du recul.
Ce n’est pas parce que vous ressentez une intense attraction pour quelqu’un qu’il s’agit de la bonne personne pour vous. Or, nous avons tendance à nous enflammer dès lors qu’un homme nous fait vibrer.
Certains fonctionnent au coup de foudre. Ils ne se mettent en couple qu’avec les personnes qui les ont fait craquer au premier regard. Très romantique, mais très dangereux aussi. C’est un coup de poker : oui, cette personne vous attire extrêmement, mais cela n’implique pas qu’elle peut forcément matcher avec vous.
Ce n’est pas non plus parce que vous ressentez une intense attraction pour quelqu’un que vous l’aimez.
Parfois nous aimons pour les mauvaises raisons : pour ce que la personne représente (son statut, sa popularité, ses biens matériels, l’excitation qu’il nous fait vivre, etc.) et non ce qu’il est vraiment. Un amour fragile qui peut se briser à tout moment (perte d’emploi, isolement, vieillesse…).
Cependant…
Le but n’est pas de calculer le moindre de vos sentiments. L’amour doit selon moi, être guidé par notre cœur et non notre raison. La nuance est que le cœur ne doit pas être totalement responsable et en roue libre dans nos choix amoureux, au risque de vivre désillusions et souffrances.
Comprendre nos sentiments et leurs (véritables) causes est alors parfois la meilleure façon de trouver ou vivre une relation saine !
Christelle, psycho coach
Pour me suivre sur Twitter, @PugaChristelle
Image en Une : Deception Sunset
