Peut-on aimer « trop » ?

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peut on aimer trop
Il y a un an ou plus, je me suis pris un râteau (ça n’arrive pas à ceux qui ne drague pas, na !) par un garçon qui me reprochait d’être « trop ». Je suppose qu’il sous-entendait « trop en amour / relation / émotions ».

Je sais que j’attendais (et j’attends encore) d’une relation : beaucoup de choses, tant du côté de la complicité, de la confiance que du sexuel. Il est vrai aussi que j’ai toujours beaucoup offert dans mes relations (la quantité ne dit rien de la qualité) et que je me suis cassée les dents de nombreuses fois sur les pommes d’amour.

Mais est-ce parce que j’ai « trop » aimer ? Fallait-il que je sois « moins » ? Si oui, comment aimer « moins »?

Bref, l’amour a-t-il une juste dose ?
C’est dans l’article.
Enjoy

 

L’amour, un phénomène quantifiable ?

(Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à vous dire que j’écris dans un café, en terrasse profitant des rayons de soleil du mois de mai. C’est un petit bonheur que je n’ai plus pris le temps de savourer depuis longtemps alors je tenais à le partager avec vous. ^^ )

Il serait étrange, a priori, de quantifier l’amour.

 

  • Parce que tout le monde n’a pas la même définition du mot « amour » : pour certains ce sont la force des émotions, pour d’autres la qualité du bien-être et/ou l’appréciation de l’autre. (on en parle dans cet article)

 

 

  • Parce que l’amour n’est pas linéaire. Je pense que je me sens bien plus amoureuse d’un homme après une merveilleuse partie de jambe en l’air ou suite à une dispute réactivant ma peur de la rupture qu’au sortir du travail, épuisée, savourant une tisane camomille devant le dernier épisode de GoT.

 

 

  • Parce que la durée de la relation fait évoluer le sentiment. Je n’éprouve pas exactement la même chose au début d’une relation (quand tremblante, j’ai envie de le connaitre par cœur) qu’après quelques années passées ensemble. Pourtant, je ne saurais dire lequel des sentiments est le plus « fort » ou « vrai »

 

 

  • Parce qu’il faudrait un barème de comparaison. Est-ce que je dois comparer à mes relations précédentes (avec le biais temporel)? Ou aux choses que j’aime (vaisselle < houmous < mon mec < papa ) ? Ou dois-je comparer à l’amour de mon partenaire ? (Mais, je le mesure comment son amour, à lui ?

 

Bref, quantifier et mesurer l’amour, c’est délirant. Ça ne veut rien dire. Ce n’est pas parce qu’on souffre d’insuffisance amoureuse qu’il faut reprocher aux amoureux de « trop » aimer.

OUI, MAIS : on voit (ou on a connu) des amours déséquilibrées. On observe qu’il y a quelque chose qui n’est pas au même niveau dans la relation. Si ce n’est pas l’amour, qu’est-ce ?

Nous allons donc parler des différentes échelles mesurables (ou presque) que nous pouvons utiliser sur une relation, sans parler directement du sentiment « amoureux » (lui, non mesurable. Non l’avons vu.)

 

Les échelles quantifiables de l’amour

Ces échelles sortent de ma tête. Je ne m’appuie pas sur un auteur. Donc, comme tout ce qui sort de ma tête, c’est à discuter, interroger. C’est un matos de base pour réfléchir ensemble dans les commentaires. (La terrasse de café me rend définitivement bavarde.)

Nombre de choses appréciées chez le partenaire

Quand on craque sur quelqu’un, il n’est pas rare de pérorer sur ses qualités.

Je pense que l’on peut calculer de manière très mathématique le nombre de choses que l’on apprécie :

  • chez l’autre : beauté, intelligence, humour, compétences sexuelles…
  • chez l’autre dans son positionnement dans la relation : fiabilité, fidélité, capacité de dialogue…

Bien que ce type de calcul ressemble au remplissage d’une liste au Père Noël (et qu’il ne représente en rien la force de nos sentiments), il nous permet de voir « pourquoi » nous aimons l’autre. Quand on souffre en amour, ce type de liste permet de savoir si nous aimons l’autre ou si nous sommes enclavées dans la relation que nous n’apprécions pas tant que ça.

Même si ça semble trop pragmatique pour correspondre aux idéaux amoureux, c’est peut-être la seule échelle dans laquelle nous parlons de l’autre pour ce qu’il EST. Et pas ce qu’il fait naitre à l’intérieur de nous.
Autrement dit, si une de ces qualités est son humour. Après séparation, l’humour, il l’aura toujours. Alors que les papillons dans notre ventre ils seront morts (ou ce seront transformés en coups de poignards dans le ventre.

Mais la quantité de choses aimées, ne nous dit rien de la qualité de cette appréciation.

Qualité de l’appréciation du partenaire

Note : ici, je parle essentiellement des qualités utiles à la relation. Pas des qualités en elle-même.
On pourrait définir quelques items qui représentent le sentiment amoureux pour nous : attraction physique, confiance, communication (par exemple). Mais, pour noter, il nous faudrait un comparatif.

Par exemple :

 

  • QUALITE DE LA COMMUNICATION : un Ex au hasard < houmous < Micheline (c’est un chien) < Papa < Partenaire Actuel

 

 

  • ATTRACTION PHYSIQUE : Papa = Micheline < Houmous (vous ne savez pas tout ce que l’on peut faire avec de l’houmous, des gants mappa, un mec et un escabeau) < un Ex au hasard < Actuel

 

 

  • CONFIANCE : Un ex au hasard = houmous < Micheline (une chienne, c’est plus fourbe qu’on le croit) < Actuel < Papa (c’est le plus fort)

 

Note : On a ici deux échelles pour quantifier (autant faire ce peut) l’amour. Sur ces deux échelles, je ne vois pas comment on peut « trop » aimer quelqu’un. Je pense qu’en amour plus on apprécie les qualités de quelqu’un, mieux c’est. D’ailleurs, si la relation est stable, un peu d’idéalisation ne fait de mal à personne.

Note : Ce qui est intéressant dans ces échelles, c’est qu’elles permettent de se rappeler « pourquoi » nous aimons l’autre, sans prendre en compte les papillons ou la peur de le perdre. Dans les relations bancales, voir que nous avons une meilleure qualité de communication avec de l’houmous qu’avec le partenaire actuel, permet de relativiser notre envie de le « garder à tout prix ».

Dépendance au partenaire

Il faudrait que je retrouve enfin mes cours sur l’attachement. Il n’y a pas d’attachement sans un minimum de dépendance à l’autre. D’où mon problème avec l’invention de la pathologie de « dépendance affective ».

Dans l’amour, il y a nécessairement dépendance. Qu’elle soit :

 

  • Affective : besoin de voir l’autre, d’être soutenu dans les périodes de creux, d’échanger de la tendresse.

 

 

  • Sexuelle : surtout dans les relations monogames-exclusives où l’autre est notre seul apport sexuel. (Mais, même dans les autres types de relation, passer plus d’un certain temps sans toucher/caresser/mordre/griffer la peau, laisse dans un état de dangereuse frustration qui peut nuire à votre entourage)

 

 

  • Psychique : besoin de complicité / confiance, d’échanger avec l’autre, de le connaitre, de passer du temps avec, de se comprendre, de rire ensemble, de se bourrer la gueule ensemble !

 

 

  • Matérielle : vivre ensemble c’est : partager un loyer. Dans le choix du lieu de vie, on est dépendant du revenu de l’autre (comme l’autre l’est du notre). De même pour les gamins ou un voyage à Nouméa : la situation financière de chacun compte… Bref, qui dit engagement matériel dit une certaine dose de dépendance à l’autre. (Ce qui est d’autant plus marqué quand l’un des partenaires est au foyer)

 

Dans ce cadre, on peut être « trop » dépendant :

 

  • Par rapport à une norme : voyez comme on tape sur les couples « fusionnels » ! Mais, à la limite, j’ai envie de dire, on emm*rde les gens. Si le couple (et chacun des partenaires) trouve un équilibre ; la norme, on s’en tamponne allègrement le coquillage.

 

 

  • Par rapport à l’autre : typiquement nous envoyons plus de messages, nous sommes affectivement plus démonstratives, nous recherchons plus de complicité (et/ou relations sexuelles) que l’autre…

 

C’est dans ce dernier cas que le « trop » peut-être problématique. Plus de dépendance implique souvent plus d’attentes (qui ne sont pas satisfaites). Il y a un déséquilibre dans la relation et ce déséquilibre fait souffrir, s’il est trop important.

Investissement dans la relation

Généralement, le plus dépendant est aussi le plus investi dans la relation. Il fera plus d’efforts que l’autre pour maintenir et solidifier le lien, aura plus d’attentes et s’épuisera (ou souffrira) plus dans la relation.

Pour de nombreuses raisons (éducation, société, patrimoine patriarcale), il n’est pas rare que les femmes soient plus dépendantes et plus investies (on le voit dans les tâches ménagères, l’envie d’engagement…) dans leurs relations amoureuses que les hommes.

L’investissement et/ou la dépendance ne disent rien des sentiments éprouvés.

Je n’éprouve pas particulièrement d’amour pour la cigarette, pourtant je suis investie dans ma consommation (j’ai une blague à tabac, toujours des paquets neufs dans les mois heureux, un porte briquet, etc…) et complètement dépendante.

A l’inverse, j’éprouve des sentiments très forts pour une amie de Lycée mais je suis relativement peu investie dans sa vie et je ne ressens aucune dépendance à son égard (on peut ne pas se voir pendant deux ans, ça ne m’affecte pas particulièrement).

La différence d’investissement et/ou de dépendance souligne l’insatisfaction / la frustration / la tristesse ressentie dans une relation, pas le sentiment éprouvé

 

Que faire si « j’aime trop » ?

Tout dépend. On peut :

 

  • Soit s’investir moins (en s’investissant ailleurs, dans d’autres projets) pour diminuer notre dépendance et donc frustration dans la relation.

 

 

  • Soit changer de partenaire : considérer que nous sommes en accord avec notre investissement/ dépendance, que c’est le minimum que nous attendons et que l’on attend de notre partenaire la même chose.

 

S’investir moins

Cela peut être une option si :

 

  • Nous avons toujours été la plus investie/dépendante dans nos relations.

 

 

  • L’amour prend systématiquement une place prépondérante face aux autres domaines de notre vie (amicaux, professionnels, spirituels, passions).

 

 

  • Nous reprochons souvent à l’autre les efforts que nous faisons seules (et qu’il ne nous a pas nécessairement demandé) : abandonner ses études, perdre de vue des amies, se désinvestir de sa vie professionnelle… (Typiquement, c’est le « avec tout ce que j’ai fait pour toi ! »)

 

 

  • Nous tenons à garder CE mec-là à tout prix.

 

 

  • Nous sentons que CE mec cherche à s’investir plus, à trouver un équilibre, une médiane entre son investissement et le vôtre.

 

Il ne s’agit donc pas de l’aimer moins (je ne vois pas comment c’est possible) mais d’aimer mieux. Autrement dit, de laisser plus de place au « je » de « je t’aime ».

Changer de partenaire

Il arrive que nous restions avec des mecs qui n’ont pas envie de s’investir plus que ça dans la relation. Et, ce qu’ils nous donnent (avec toute la compréhension du monde) nous parait réellement insuffisant. On peut avoir le sentiment que l’autre reste avec nous pour le confort de la relation plus que pour construire quelque chose à deux…

Bref, nous pouvons être douloureusement insatisfaites de l’investissement de l’autre (et l’être encore plus quand nous diminuons le nôtre). Dans ce cas, c’est peut-être que nous ne sommes pas avec quelqu’un qui nous correspond : quelqu’un qui s’engage avec la même envie et motivation que nous dans le couple.

Comme on ne change pas le caractère des gens, il faut changer la personne.

Personnellement, je suis une idéaliste. J’ai besoin d’offrir et recevoir une certaine dose d’investissement. Bien sûr, en couple, je peux faire quelques raccords et concessions selon ce qui se joue dans la vie de l’autre, mais j’attends un minima. Si un homme ne peut pas me l’offrir, je vais en chercher un autre.
Être dépendante OK. Être dépendante toute seule, c’est de l’OI et ça, non merci. (Sauf pour la clope.)

Et vous que conseillez-vous aux lectrices qui « aiment trop » ? Changer le mec ou changer l’investissement ?

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J’vous ai dit que j’étais à la térasse d’un café ?
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