Comment devenir une femme fatale ?

devenir une femme fatale

devenir une femme fatale
La femme fatale est – a priori — la séductrice par excellence.

Devenir une « femme fatale », c’est pousser l’art de la séduction féminine à son paroxysme. Mais, en sommes-nous toutes capables ?

Car, souvent, la femme fatale c’est l’autre. Rivale ou modèle, elle nous renvoie à nos échecs, à notre timidité ou à nos amours en lambeau.
C’est cette femme dangereuse, insaisissable, adulée par les hommes, jalousée par les femmes.

Qu’il est difficile, pour beaucoup, de se projeter dans ce rôle-là !

Si une part de nous y aspire peut-être, nous serions bien incapables de savoir comment s’y prendre.

Devenir une femme fatale, mode d’emploi. C’est ici.

Enjoy.

 

Une femme fatale, c’est quoi ?

Dans l’imagerie populaire, la femme fatale est une croqueuse d’hommes.

Si elle utilise le pouvoir de la sexualité (sensualité) pour parvenir à ses fins, elle ne se « donne » jamais complètement. Il y a quelque chose d’elle qui échappe sans cesse à celui qu’elle convoite.

femme fatale serpent

Séductrice par excellence, elle est associée au serpent (le signe chinois « serpent » est d’ailleurs celui de la séduction) et au poison, par lequel, dans la littérature, elle assassine ou se suicide.

La femme fatale est dangereuse pour l’amoureux. Elle le conduit jusqu’à la folie et parfois même la mort. L’homme le plus « sage » en perdrait la raison.

Si nous la rencontrons dans de nombreux mythes, récits et films, elle semble plus rare dans la réalité.

 

La femme fatale, un fantasme masculin ?

Julien Gracq disait « Si la littérature n’est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales et de créatures en perdition, elle ne vaut pas qu’on s’en occupe »

Nous connaissons cette dichotomie masculine pour les femmes qui, malheureusement, a traversé les âges : la « vierge » et la « putain ».

La femme fatale, évidemment, se classerait dans le second groupe. Mais, l’homme ne pouvant décemment s’amouracher d’une « putain », il l’habille d’un talent de séduction tel qu’il a le droit d’y succomber.

Femme fatale peinture

Ainsi, l’homme d’autrefois peut justifier son Amour pour celle qui ne sera pas « sa femme » et dans le même temps, justifier l’abandon inévitable qu’il lui fera subir. (Sans cela, aucun retour à la raison possible.)

 

La femme fatale, une femme inventée pour les femmes ?

Mais peut-être la femme fatale exprime le droit de se revendiquer à séduction libertine pour les femmes.

Elle semble, effectivement, être le pendant féminin du Don Juan : une collectionneuse, une joueuse, une amoureuse de la séduction.

Cependant, on peut noter quelques différences avec son pendant masculin :

 

  • Si Don Juan (ou le moderne Barney) séduit par Amour du jeu et de la conquête, la femme fatale semble être AVANT TOUT une « créature en perdition » qui séduit pour trouver une place sociale (on pensera à Cléopâtre).

 

 

  • De même, si Don Juan utilise l’intelligence du discours (et Barney, le retord de la stratégie), la femme fatale séduit par ses charmes : son physique, son attitude, sa beauté… Elle se fait objet de désir et de convoitise quand le séducteur est sujet de débauche.

 

Nous penserons, en exception, à Merteuil des « Liaisons dangereuses ».
Fine stratège, elle manipule Valmont pour le tenir dans sa coupe. Dans une de ses lettres, Merteuil dira qu’elle cherche à sortir de la difficile condition féminine qui est la sienne et qu’elle n’a d’autres armes en ses mains que la séduction.

La conclusion du livre punira cet affront par le dévoilement de son libertinage et la perte de l’honneur qu’elle avait si durement conservé jusqu’alors.

Être une femme fatale, d’accord. Mais, une femme fatale discrète.

 

Des stratégies dangereuses

Si nous devions décrypter les stratégies de la femme fatale, la plupart appartiendraient à ce que certains appellent la « Dark Séduction ». Celle où l’on joue avec les émotions de l’autre.

Le partenaire perd sa place de sujet pour devenir un objet à conquérir.

La femme en question elle-même se transforme sous le poids des masques et de la mise à distance de l’autre. Elle finirait par ne devenir que sa propre caricature : un objet de convoitise.

Souffler le chaud et le froid

S’il y a une experte de cette technique, c’est bien elle. Un instant, elle est éperdue, fragile, fascinée par l’homme en face d’elle. Et, l’instant d’après, la voilà froide et distante rejetant l’homme à ses pieds.

« Y’a des dents de lait quand elle sourit, quand elle chante.

Et des dents de loups quand elle est furie, qu’elle est méchante »

Brassens

Tout un article sur le chaud-froid ici.

De « l’hypersexualisation »

Tout l’art de la femme fatale est d’insinuer la relation charnelle par chacun de ses mots, de ses mouvements, de ses regards… Sans JAMAIS l’expliciter.

Pour le rappel :
La sexualisation est une technique courante de séduction. Il s’agit d’exciter avec subtilité l’imagination de l’autre, de l’amener à se projeter sous le satin des draps (ça marche avec la couette Ikéa).

L’article en complet ici.

Un body langage explicite

Femme Fatale salomé

Et voilà Salomé qui exige la tête de Jean Baptiste pour une danse….

Nous sommes en plein dans le mythe de la femme fatale, où le corps, son attitude, sa mouvance excitent les sens jusqu’à la mort.

Nous le voyons :

  • ce regard sombre, provocateur qui défie l’interlocuteur
  • cette démarche langoureuse, bercée par l’ondulation des hanches
  • cette voix chaude, profonde, aux silences assumés
  • le rire moqueur qui raidit l’espace
  • la lenteur de certains gestes (remettre des cheveux en place, laisser glisser un bracelet…) qui fascine le voyeur.

Dans le BL (Body Langage ou langage corporel), le plus grand talent de la femme fatale est la lenteur. Elle prend le temps offrant une autre grâce à chacun de ses mouvances. Beaucoup de strip-teaseuses utilisent cette latence-là.

Et le look ?

femme fatale cigarette

 

  • Bien sûr, la femme fatale, c’est belle qu’on l’imagine.

 

On pense à « Nana » de Zola. Cette actrice sans talent, un peu idiote, mais à la beauté telle que chaque homme croisant sa route y succombe.

(Elle aussi sera punie pour avoir tant plu aux hommes. Une petite vérole défigurera son visage. La femme fatale est peut-être la femme que les hommes aiment à détester.)

 

  • Bien sûr, la femme fatale, c’est « féminine » qu’on l’imagine.

 

Avec le super combo : talons, lingerie, robe moulante, rouge à lèvres, cigarette, parfum.

La femme fatale sait érotiser son corps. Pourtant, la provocation d’un regard, d’une attitude peut pardonner un Jean troué accompagné de l’indémodable suit informe qui tient si chaud.

De quoi s’interroger sur ce qu’est ou non une belle femme.

 

La femme fatale et les hommes

On l’aura compris, ce n’est pas pour l’Amour que la femme fatale agit, mais par appât du pouvoir.
Elle s’est inscrite dans la littérature à des époques où elle ne possédait aucun droit citoyen (vote, indépendance, travail, etc.). Sa seule arme était alors le désir qu’elle provoquait.

La séduction n’a jamais été une fin pour elle (à la différence de Don Juan ou Barney), mais un moyen de mener un bras de fer avec les hommes.

Bien loin d’elle sont l’Amour, le partage, la rencontre ou encore la tendresse désintéressée… Non seulement la femme fatale ne se « donne » jamais complètement, mais elle prend. Elle vole à l’autre dignité et preuve de sa soumission.

 

Pourquoi la femme fatale est-elle toujours objet de fascination ?

(Et ce, même pour les femmes)

 

  • Elle présente une séduction active. Elle contrôle le jeu qui se met en place avec son prétendant. On ne peut que souligner le courage de la démarche.

 

 

  • Elle ne semble pas souffrir de l’Amour. Elle obtient ce qu’elle veut. On ne se la représente pas aux proies d’un douloureux OI (fixette aiguë) attendant nerveuse que son iPhone daigne vibrer.

 

 

  • Elle nourrit nos désirs de vengeance. Le cœur encore brisé, hommes comme femmes, nous désirons parfois faire mal à tous les représentants de l’autre sexe. Ne serait-ce que pour exprimer notre colère, notre déception et le sentiment d’humiliation qui accompagne (parfois) une rupture douloureuse.

 

 

  • Elle fait toujours modèle. Dans les pubs, dans les films grands publics, c’est souvent la femme fatale, inaccessible étoile que l’on voit. Pourtant, dans les films actuels, elle finit toujours par se soumettre au héros, car elle l’aiiiiiiiime.

 

(Dommage. Je l’aime fatale, moi, la femme fatale.)

 

En conclusion

Se nourrir de certaines techniques propres à la femme fatale n’est pas une mauvaise idée en soi. Son courage à être actrice de la séduction, son jeu de lenteur dans l’attitude, cette capacité à ne pas se donner tout de suite corps et âme… peuvent permettre de faire succomber l’autre.

Mais, elles s’inscrivent dans le jeu (de pouvoir) bien plus que dans la rencontre. Il s’agit de dominer l’interaction, de posséder l’âme du partenaire. Et, nous le savons posséder, ce n’est pas aimer.

De plus, se plaçant en objet, la femme fatale interroge sur le rôle joué dans l’acception de cette terrible, affreuse, et erronée dichotomie : « vierge » VS « putain ».

Est-elle encore symbole d’une « putain » que l’on peut aimer (parce qu’envoûtante) ? Ou s’extirpe t’elle de cette triste division en revendiquant un droit au Donjuanisme ?

 

Et vous, que pensez-vous des femmes fatales ? Bonne ou mauvaise idée de s’en inspirer ?

Anashka,

Trop vieille pour ce genre de folies

(ou pas)